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Le massacre de l Université du 9 Mai 1991/ Le témoignage de RAFIK! GHANMI


L’image contient peut-être : Rafik Ghanmi, debout, ciel et plein air

GHANMI RAFIK! TEMOIGNE

8 mai, 23:32 ·

En mars 1992, Najmeddin Hamrouni, que j’avais connu quelques mois auparavant à Paris, alors qu’il était à la tête de l’Union Générale des Etudiants Tunisiens, m’avait contacté pour me demander de l’aider à imprimer un livre sur le massacre de l’université de mai 1991. J’avais  alors appelé un ami tunisien imprimeur en banlieue parisienne pour le consulter. Il avait invité Najmeddin, un de mes amis et moi-même chez lui, et nous nous étions convenus de tout.

Après la parution du livre, j’avais appelé cet ami pour le remercier. Il m’avait répondu sèchement qu’il ne me connaissait pas et m’avait prié de le supprimer de ma liste de contacts avant de raccrocher. J’avais alors compris que les services de renseignement tunisiens lui avaient rendu visite. J’ai perdu tout contact avec cet homme et j’ignore ce qu’il est devenu.

Je n’ai pas lu le livre a sa parution et n’ai fait que le feuilleter ; mais je m’en suis souvenu lorsque j’ai lu le témoignage de M. Rafik Ghanmi, il y a un peu plus de deux ans. Entre temps et au cours de mes contacts avec certains membres d ennahda en exil; j ai fini par comprendre les dessous de cette escalade qui avait conduit a ce massacre a l université. 

Je vous invite à lire ce témoignage. C’est celui d’un homme sincère qui a été au cœur du massacre et personne ne peut surenchérir sur sa souffrance dans les horreurs des geôles et des persécutions. C’est le témoignage de la vérité cachée par la Nahda depuis trente ans et la version de ce que le livre avait dissimulé.

Ahmed Manaï

 

C’était un de ces jours de Mai 1991 …

Aujourd’hui est la commémoration des événements douloureux s’étant produit en mai 1991 dans le milieu estudiantin, qui ont fait tant de victimes étudiantes entre morts, prisonniers, persécutés, exilés et soumis à un contrôle sécuritaire et administratif humiliant, les privant de tous leurs droits… A cette époque, le mouvement Nahda a arrêté sa décision et maintenu son mot d’ordre.  La décision a été signée et validée  par Rached Ghannouchi, après qu’il ait fait ses bagages pour Londres, espérant revenir en Tunisie comme l’avait fait Bourguiba  un jour ou Khomeini rentré de son exil. Mais on ne mélange pas les serviettes et les torchons … Il est loin d’être Bourguiba le laïc ou Khomeini l’homme de foi.

Le cheikh répétait à son audience :

« Allah, qui a fait triompher Khomeini sur le Shah, soutiendra tous les Khomeini sur leur Shah. »

Il avait dit cela avant de se retourner contre la révolution iranienne dont il chantait les louanges pour découvrir que Khomeini était chiite.

C’était le temps où le milliardaire faisait croire à ses disciples qu’il était révolutionnaire à la manière de Khomeini le Husseinite : engagement, principe et volonté de mourir sur l’autel de la cause, sa justice et sa justesse.

Mais le cheikh a donné l’ordre de déclarer la guerre au régime de Ben Ali, alors qu’il avait un pied à Londres et l’autre dans la voiture des cérémonies présidentielles …

Il est parti et a laissé les choses aux mains des commandants de terrain qui rêvaient d’obtenir la bénédiction du milliardaire énigmatique … Le Cheikh était chargé de secrets.

Un jour de la fin décembre 1990, lors d’une réunion des leaders étudiants à l’université, Ali Laaraidh leur disait : « Nous méritons plus que le RCD de gouverner la Tunisie ; nous sommes maintenant le parti le plus populaire et la qualité et le niveau des membres du mouvement sont plus élevés que ceux de tous les membres du RCD réunis. Nous sommes prioritaires pour gouverner le pays » …  C’était quelques jours avant qu’il ne soit arrêté.

Bien sûr, ni le temps ni les circonstances ne permettaient de poser des questions sur la teneur du programme de gouvernance ou des alternatives économiques, politiques et sociétales, ni même sur la façon d’y parvenir. C’était « les choses sont soigneusement organisées et la direction du mouvement est préparée à toute éventualité, petite ou grande » ; « Rassurez-vous, tout va bien » ; « les considérations sécuritaires ne nous permettent pas d’en dire plus ». Et puis les rires …

Des mots magiques et ensorceleurs suffisaient à faire taire les langues et à figer les esprits… « Les frères aspirent au martyr pour Dieu » ; « Nous sommes impatients pour affronter l’ennemi » ; « Cette religion est l’avenir » ; « Dieu soutient celui qui le soutient  » ; « Seul Dieu accorde la victoire » ; « Il est de notre devoir de soutenir les croyants » ;  » Nous sommes prêts à affronter les tyrans et obtenir le martyr » ; « Si vous rencontrez l’ennemi, restez déterminés « …Et ainsi de suite !

Des versets et des hadiths complètement sortis de leurs contextes remâchés à tort et à travers. Un discours rabâché par ceux happés par la machine du Cheikh pour le marteler. Il ne se différenciait que par la qualité et la rhétorique de l’orateur… De Salah Karkar à Habib Ellouz à Hammadi Jebali à Mabrouk Zran … à la deuxième ligne d’Abdelkrim Harouni à Ajmi Lourimi à Ameur Laaraidh à Abdellatif Mekki… Tous tenaient le même discours.

Tous avaient oublié ou omis le manuel de référence « Mouvement islamique et modernisation » publié par Ghannouchi en collaboration avec Hassan Tourabi et qui contenait la charte globale du mouvement, à savoir : le mouvement est civil, pacifique, rejette la violence, respecte les urnes et la loi, observe les lois du pays et fonctionne conformément à la loi des associations et des partis ; sa méthodologie reposant sur « la clarté du message et la vertu de la résilience  » (البلاغ المبين والصبر الجميل)… C’est sur cette charte globale et ce contrat que les membres du mouvement ont consenti leur adhésion. Pas de coups d’État, ni violence, ni assassinats ni subversion au sein de l’armée ou de la sécurité… C’était le contrat sur lequel l’adhésion à l’organisation était basée. En vérité, le livre est une compilation et un récapitulatif de tous les articles de Ghannouchi, constituant un petit guide et un contrat d’affiliation, ses objectifs et ses moyens.

L’heure de vérité avait donc sonné. Tout le monde était confiant que le plan était parfait et que les frères djihadistes « à l’intérieur des institutions militaire et sécuritaire » accompliraient leur mission avec succès … Les étudiants étaient chargés de préparer les conditions inhérentes à l’épuisement du régime,  à la dispersion des efforts des forces de sécurité, à la désintégration de l’Etat et au démantèlement de ses appareils. Le couronnement serait le coup d’Etat béni… Un scénario rêvé ! Dans la secte, les petits calculs ridicules commençaient : untel sera chef du gouvernement… untel ministre… untel et ceux du même grade gouverneur(s) … untel et ceux du même grade  délégué(s) …

Donc, le destin a voulu que les étudiants soient en première ligne. Ils étaient le bras fort du mouvement… Les ordres ont été donnés :

« Déchirez les cahiers et cassez les stylos » ;  » Nous reprendrons les études sous l’égide de État islamique qui arrive … l’an prochain. »

Sur le plan personnel, j’occupais une position de leadership relativement modeste -après l’expérience de l’activité scolaire- car j’étais le porte-parole officiel des étudiants de la tendance islamique dans la branche de Kairouan. Et de là vers d’autres branches … dont la branche universitaire active qui a conduit l’action estudiantine dès le début des années 1990 à l’Université Tunisienne, à commencer par le mouvement de Février  1990 qui a mis le feu aux poudres avec l’incendie du poste de police universitaire à la Faculté.

A mon niveau personnel, je ne croyais pas ce qui se passait… En même temps, je devais informer les « frères » en particulier et les étudiants en général, et sous différentes formes, de la décision du mouvement : « Cassez vos stylos et déchirez vos cahiers ».

A mon niveau personnel,  je voulais continuer mes études,  surtout que j’étais brillant et que l’année scolaire touchait à sa fin… Je voulais réussir… J’aimais mes livres, mes cahiers et mes stylos… Je n’admettais pas la décision du mouvement et ne croyais pas à sa réussite … En même temps, je devais appeler les étudiants du mouvement à adopter la position et à s’y engager avec plaisir.

Et advint ce qui devait arriver. Les étudiants ont déchiré les cahiers et cassé les stylos. Dans l’étape suivante, ils ont incendié les facultés et les universités, ciblant les employés par les assassinats. Oui, ils nous ont demandé de tuer et d’assassiner les fonctionnaires des facultés et des universités partisans du régime… Les noms étaient sur la table… Et oh mon Dieu !

Les affrontements ont eu lieu …. Ont quelque peu progressé. Des affrontements avec la police, l’incendie de voitures et de postes de police universitaires … Des affrontements dans les rues… Des balles ont sifflé et des victimes sont tombées… Chaque fois dans une partie de l’université… Les arrestations se sont intensifiées et ont concerné autant les étudiants que les étudiantes…

Tout le monde attendait « l’heure H »… L’attente a été longue, longue … L’heure n’est pas venue … Mais la hache était là….

Et l’aube de la fausseté est apparue … Est apparue la vérité ignorée par les aveugles de la Confrérie : Le mouvement ne reste qu’un mouvement aussi fort soit-il … L’Etat reste un Etat aussi affaibli soit il….

L’Etat a vaincu le Mouvement.

Ce qui est anecdotique avec la deuxième tentative de coup d’Etat de 1991 est que, contrairement à la première de 1987, elle était connue de tous. Les femmes en parlaient dans les boutiques, les enfants dans les jardins d’enfants et les étudiants dans les universités. Avez-vous entendu parler d’un coup d’État dont les gens parlent dans les cafés et en public, de sa date, de ses acteurs, de ses objectifs ? Est-ce un coup d’Etat ou un coup d’Etat contre l’histoire des coups d’Etat ?

Ben Ali a su gérer la bataille avec beaucoup de sérénité ; le régime n’a pas faibli et n’a pas tremblé … Au contraire, la base de ceux qui croyaient en ses capacités s’est élargie. Le Mouvement a été vaincu. Décembre 1991 n’était même pas encore arrivé que Ben Ali annonçait à ses partisans la défaite des terroristes. Abdallah Kallel déclarait ce jour-là : « Il n’y a pas de crime impuni. »

Ghannouchi était à Londres … Ben Ali était à Carthage … Et les étudiants étaient en prison, punis pour leurs crimes … Seuls coupables.

Ceux qui ont trouvé le moyen de s’exiler l’ont fait. Ceux qui ont fui ont vécu dans la clandestinité, recherchés et menacés de poursuites. Ceux qui ont quitté la petite prison ont été accueillis par la grande prison et soumis à une surveillance administrative humiliante.

Pendant un quart de siècle, les histoires de souffrance ont été écrites en prison, en exil et dans des cachettes secrètes. Les tragédies grandissaient jour après jour. Seul Dieu savait quand prendrait fin cet holocauste. C’était un holocauste indescriptible.

Les étudiants étaient au cœur de l’holocauste … Et j’étais parmi eux.

Plus tard, dans les prisons, nous nous sommes réunis, étudiants, militaires et sécuritaires, jeunes et moins jeunes, adultes et vieillards … Nous nous sommes rassemblés sous les murs de la défaite … Nous nous sommes rencontrés les yeux dans les yeux et nous avons longuement parlé. Les questions ont été posées … Que s’est-il donc passé ???

C’était des regrets … C’était de la perplexité … C’était des rires sardoniques partagés entre l’autocritique et les conséquences de la bonne foi mal placée… Qu’est-ce qui nous a pris ??? Où étaient nos esprits ??? Des questions brûlantes auxquelles on ne pouvait répondre, sauf par la résilience et encore plus de stoïcisme. Y avait-il autre chose que la patience, l’acceptation et l’attente de l’inconnu qui semblait lointain et démesuré … plus haut que les murs de la prison.

Nous étions les victimes de deux criminels, dont la criminalité dépassait l’entendement.

Le premier criminel était assoiffé de pouvoir et rêvait de son ivresse. Il a utilisé la religion et exploité les sentiments religieux des gens. Il a employé tous les moyens permis et illicites, tous les interdits pour atteindre son but après avoir assuré sa sécurité et celle de sa famille… Il a joué le tout pour le tout pour le pouvoir. Il s’est permis de pénétrer les institutions militaire et sécuritaire et enrôlé des soldats et des agents de sécurité … Il les a poussés à trahir leur serment et le drapeau. Il s’est autorisé à commettre les tueries, les assassinats, les incendies et les agressions à l’acide … Il s’est tout permis pour l’illusion d’être le président de la ruine sur les cadavres des innocents et sur la route de la douleur, des larmes et de la torture… C’était un grand criminel abject… Et tout le monde lui cédait par hypocrisie, par ambition ou même de bonne foi.

Le deuxième criminel était fou de pouvoir et était prêt à tuer pour y rester… Sa victoire ne l’aurait pas empêché de faire travailler ses méninges et ouvrir la porte de l’amnistie ou de la miséricorde, mais il ne l’a pas fait … C’était un criminel sans cœur, aveuglé par le pouvoir pour être juste et il a mis tout le monde dans le même sac. Il était occupé avec sa Leïla et construisait sa postérité factice …  Il veillait à consolider son règne pour l’éternité pour qu’il gouverne éternellement. Sans pitié, il s’en prenait à tous ceux qui n’étaient pas avec lui dans tout le spectre politique, syndical et juridique … Jusqu’à ce que le destin l’emporte … Et tout le monde lui cédait et louait ses actions par hypocrisie, par ambition ou même de bonne foi …

Chers étudiants, après un quart de siècle de souffrances causées par deux criminels corrompus parmi les criminels de l’humanité, moi qui suis l’un d’entre vous, aujourd’hui je suis debout pour déclarer que, dans le cadre du processus de la justice transitionnelle, je maintiens mon droit légitime à poursuivre légalement deux criminels dangereux qui ont commis des crimes contre le pays et le peuple… Je ne demande pas de compensation matérielle car j’estime ne pas y avoir droit, comme j’estime qu’elle ne compensera jamais un seul jour de l’holocauste et de la douleur. Ma seule demande concerne la poursuite judiciaire de ceux qui sont coupables de crimes contre toute une génération, ceux qui ont envoyé toute une génération au massacre. Une génération de jeunes à la fleur de l’âge soumis à un quart de siècle d’oppression dont toute une génération a payé le prix.

Je déclare demander la poursuite judiciaire de deux grands criminels qui ont commis des crimes contre le pays et le peuple. Je ne me réconcilierai pas et je ne pardonnerai pas avant qu’ils ne soient traduits en justice :

Ben Ali et Ghannouchi sont deux grands criminels dont les crimes ne seront prescrits ni par le temps ni par l’oubli.

Ainsi; ce Hadith  Kodsi que le Prophète SAM) rapporte de Son Seigneur Le Tout Puissant, Qui a Dit: Ô Mes Serviteurs: Je Me Suis interdit l’injustice, et J’en ai fait un tabou, interdit pour vous. Ne soyez pas injustes entre vous… Ô Mes serviteurs, j’enregistre vos activités, ensuite je les évalue. Quiconque y trouve du bien, qu’il en loue Allah, et quiconque y trouve autre chose, qu’il ne s’en prenne qu’à lui-même.

Je remercie RANIA TAHAR  pour sa traduction de ce texte de l arabe

https://www.facebook.com/rafik.ghanmi.39?fref=ts/

Rafik Ghanmi : Précisions à qui de droit

J’oppose mon objection quant aux méthodes utilisées par l’Instance. Les audiences publiques auraient dû être les dernières étapes du processus de la vérité et de la dignité, où la séance publique devait être précédée d’une confrontation entre les intéressés et de la conclusion de l’enquête, et tout le monde aurait droit  à la parole lors d’une seule séance dont l’aboutissement serait soit la réconciliation soit le renvoi devant la justice.

Je fais cette observation après qu’une personne –dont je tais le nom pour le moment- m’ait appelé. Je jure solennellement qu’elle a été injustement accusée et que c’est une victime dont le nom a été mentionné à tort, pendant l’audience, et de façon contraire à la vérité et insultante pour la dignité…

J’espère que l’Instance Vérité et Dignité n’ouvrira pas une nouvelle porte aux injustices.

Mon espoir est que les victimes ne s’inventent pas un héroïsme qui n’a rien de réel … Et que certains ne transforment pas les audiences en une arène fictive pour afficher leur héroïsme et leur superpouvoir dignes de contes de fées…

Ici, nous sommes exclusivement tenus de décrire les violations et leur cadre, pas de fabriquer des histoires héroïques qui n’ont pas lieu d’être ici. Elles peuvent faire l’objet d’un roman, d’un film ou même d’un court métrage.

Nous devons être clairs pour ne pas diffamer les gens et être injustes même à l’égard de ceux qui l’ont été à notre égard et reproduire l’injustice que nous nous efforçons d’arrêter.

 

 

في شهر مارس سنة 1992 اتصل بي نجم الدين الحمروني الذي عرفته قبل ذلك بأشهر قليلة في باريس و كان و قتها على رأس الأتحاد العام لطلبة تونس و طلب مني مساعدته على طبع كتاب عن مجزرة الجامعة. فاتصلت بصديق تونسي مطبعاجي في ضواحي باريس وشاورته في الأمر ودعانا أنا وأحد اصدقائي  ونجم الدين لبيته حيث اتفقا على كل شيئ.

بعد صدورالكتاب هاتفت هذا الصديق لأشكره فرد علي غاضبا من أين تعرفني يا سيد؟ نحيني من قائمة معارفك من فضلك و قطع المكالمة. فهمت يومها ان المخابرات التونسية قد زارته.وانقطعت كل صلة بالرجل ولا أعرف شيئا عن مصيره حتى اليوم.

لم أقرا الكتاب واكتفيت بتصفحه وتذكرته فقط عندما قرأت شهادة السيد رفيق الغانمي من سنتين او أكثر بقليل. ولكنني توصلت في الأثناء وعبر تواصلي مع النهضاويين  الى معرفة أشياء كثيرة عن خلفيات هذه المحرقة التي وقعت شهر ماي 1991 في الجامعة والتي هي في الحقيقة احدى معارك الحرب الي أعلنتها النهضة على نظام بن على في نطاق محاولتها الأنقلابية الفاشلة والتي تكشف بعض جوانبها هذه الشهادة الشجاعة لرجل شجاع وصادق.

أدعوكم الى قراءة هذه الشهادة فهي صادرة عن رجل كان في قلب المحرقة ولا أحد من النهضاويين يمكن ان يكذبه او يزايد عليه  ثم هو رجل عانى ما عانى من ويلات السجن والملاحقة فهي شهادة الحق التي تتستر عليها النهضة منذ ثلاثين سنة وهي الوجه الأخرلما تسترعن ذكره  –كتاب محرقة الجامعة –الذي صدر في سنة 1992.

كل التقدير والأحترام للسيد رفيق الغانمي

أحمد المناعي

 

..لن نسامح ولن نصالح ..ونتمسك بحقّنا في مثول المجرمين امام العدالة

 

 

 

…..في مثل هذه الايام ..من شهر ماي من العام 1991….
تمرّ اليوم ذكرى احداث ماي الاليمة التي عرفتها الساحة الطلابية ,وراح ضحيتها اعداد من الطلبة بين قتيل وسجين ومطارد ومنفي وخاضع للمراقبة الامنية والإدارية محروم من كل حقوقه في الحياة ..,فقد اتّخذت حركة النهضة قرارها ـ في تلك الايام ـ وعقدت امرها وصدر القرار وختمه راشد الغنوشي بعد ان حزم حقائب السفر الى لندن ..على امل ان يعود الى تونس كما عاد بورقيبة يوما ..او كما عاد الخميني من منفاه …وما ابعد الثرى عن الثريا ..فلا هو من علمانية بورقيبة ولا من تديّن الخميني قطعا

 

 

فلقد كان الشيخ يردد على اسماع الاتباع :
« ان الله الذي نصر الخميني على الشاه سينصر كل خميني على شاهه ».
قال ذلك قبل ان ينقلب على الثورة الايرانية التي كان يتغنى بها وليكتشف ان الخميني شيعي ..
كان ذلك لما كان الملياردير يوهم الاتباع انه ثوري على النهج الخميني الحسيني :الالتزام والمبدئية والاستعداد للموت على مذبح عدالة القضية ..
ولكن الشيخ اعطى الامر بإعلان الحرب على نظام بن على وهو قد وضع ساقه الاولى في لندن والثانية في سيارة التشريفات والمراسم الرئاسية …
غادر وترك الامر للقيادة الميدانية التي كان حلمها التسابق للفوز برضا الملياردير اللغز.. الشيخ المليء  بالأسرار


قال على العريض يوما من اواخر ديسمبر سنة تسعين في اجتماع لقادة العمل الطلابي في الجامعة : »نحن اولى من التجمع بحكم تونس ..نحن الان الحزب الاكثر شعبية ونوعية المنتسبين للحركة ارقى اخلاقا ومستوى من كل منخرطي التجمّع ..نحن اولى بحكم البلاد « …اياما قبل اعتقاله…
طبعا لم يكن الوقت ولا الظرف يسمح بالسؤال عن برنامج الحكم ولا عن البدائل الاقتصادية والسياسية والمجتمعية ولا حتى عن الكيفية في الوصول اليه ..ولكن « الامور منظمة بشكل دقيق وقيادة الحركة اعدت لكل صغيرة وكبيرة عدتها « .. »اطمئنوا لا بأس » .. »الاعتبارات الامنية لا تسمح لنا باكثر من هذا « ..ثم الضحكات ..
مجموعة من الكلمات المغناطيسية الساحرة كانت تكفي للجم الافواه وتجميد العقول .. »الاخوة يتلهفون لنيل الشهادة في سبيل الله « كلنا شوق الى ساعة ملاقاة العدو « ..و »المستقبل لهذا الدين » « ولينصرن الله من ينصره  » …وما النصر إلا من عند الله « … »وكان حقا علينا نصر المؤمنين ».. »وكلنا استعداد لمجابهة الطاغوت ونيل الشهادة. ».وإذا لقيتم العدو فاثبتوا « …
وهكذا …ايات وأحاديث وحكم تساق في غير مواضعها وسياقاتها ..
خطاب تكرر على السنة كل من ادمجتهم مكينة الشيخ ليعاد نفس الكلام ..فقط كانت البلاغة والتنميق ما يميز خطاب عن اخر ..من صالح كركر الى الحبيب اللوز الى حمادي الجبالي الى مبروك الزرن الى الصف الثاني من عبد الكريم الهاروني للعجمي لعامر العريض للمكي ..كلهم الخطاب واحد موحد ..
نسي الجميع او تناسوا « الحركة الاسلامية والتحديث » الكتيب المرجع الذي اصدره الغنوشي بالاشتراك مع حسن الترابي ..وفيه الميثاق الجامع للحركة من حيث هي حركة مدنية سلمية تنبذ العنف وتحتكم الى الصندوق والقانون وتحترم قانون البلاد وتعمل وفق قانون الجمعيات والأحزاب منهجها في ذلك « البلاغ المبين والصبر الجميل « ..وهو الميثاق الجامع والعقد الذي بنى عليه المنتسبون للحركة انتسابهم ..فلا انقلابات ولا عنف ولا اغتيالات ولا عمل داخل المؤسسة العسكرية او الامنية ..كان ذلك هو العقد الذي انبنى عليه الانتساب للتنظيم ..والكتاب في الحقيقة هو تجميع لكل مقالات الغنوشي وحوصلة لها بما يعطي دليلا مصغرا وعقدا للانتماء غاياته ووسائله …

دقت ساعة الحقيقة ..اذن ..الكل كان على ثقة ان الخطة محكمة وأن الاخوة المجاهدين « داخل المؤسسة الامنية والعسكرية سينجزون المهمة بنجاح …وكان على الطلبة ان يهيئوا الظرفية الملازمة اولا لإنهاك النظام وتشتيت جهد قوى الامن وتفكّك الدولة وتحلّل اجهزتها ..ثم يكون التتويج بالعمل الانقلابي المبارك …سيناريو ولا في الاحلام ,,بل انّ الجماعة بدأت في الحسابات المضحكة …:فلان سيكون رئيسا للحكومة … فلان وزير ..فلان ومن في رتبته ولاّة ..فلان ومن في رتبته معتمدون..

اذا,شاءت الاقدار ان يكون الطلبة في الواجهة .وكانوا الذراع القوية للحركة ..جاءت الاوامر :
« مزقوا الكرّاسات وكسّروا الأقلام .. » نعود الى الدراسة في ظل الدولة الاسلامية القادمة …في السنة القادمة « ..

على المستوى الفردي ..وانا كنت في موقع قيادي صغير نسبيا .ـ .بعد تجربة العمل التلمذي ـ ..حيث كنت ناطقا رسميا باسم طلبة الاتجاه الاسلامي في جزء القيروان ..ومنه انطلقت نحو الاجزاء الاخرى ..الجزء الجامعي الفاعل الذي قاد الحراك الطلابي منذ بداية التسعينات على مستوى الجامعة التونسية بدءا من حركة فيفيري   1990وشرارتها حرق مركز الامن الجامعي بالكلية…
على المستوى الفردي ..لم اكن اصدّق ما يحدث ..وكنت في الوقت نفسه مطالب بابلاغ « الاخوة « خصوصا والطلبة عموما ..وبصيّغ مختلفة ,,,بقرار الحركة :
.. »كسّروا اقلامكم مزّقوا كراساتكم « .

على المستوى الفردى ..كنت ارغب في مواصلة دراستي خاصة وأنا المتفوّق والسنة الدراسية توشك على النهاية ..كنت ارغب في النجاح ..كنت احب كتبي وكرّاسي وأقلامي ..ولم استسغ قرار الحركة ولم اره قابلا للنجاح …وبالوقت ذاته كان على ان ادعو الطلبة من ابناء الحركة الى تبني الموقف والالتزام به بكل سرور ..
كان الذي كان ..دخل الطلبة في مرحلة تمزيق الكرّاسات وكسر الاقلام ..ثمّ لاحقا تمّ المرور الى مرحلة حرق الكليات والجامعات ..واستهداف العاملين فيها ,,,بالقتل ,,نعم ..كان طلب منا ان نقتل ونغتال العاملين في الكليات والجامعات من انصار النظام ..وكانت الأسماء على الطاولة ..ويا عجبي …

تمت المواجهة ..مضت خطوات .مواجهات مع البوليس حرق سيارات ومراكز كليات ..مواجهات في الشوارع …دوّى الرصاص وسقط الضحايا ..كل مرة في جزء جامعي.. توسّعت الاعتقالات وطالت الذكور من الطلبة والإناث..
كان الجميع ينتظر « اللحظة الصفر » ..طال الانتظار وطال ..لم تات اللحظة ..وحضر الصفر..
وبان الفجر الكاذب ..وبانت الحقيقة التي تجاهلها العميان من الاخوان :
الحركة تبقى حركة مهما قويت ..والدولة تبقى دولة مهما ضعفت ..
انتصرت الدولة على الحركة ..


من طرائف المحاولة الانقلابية الثانية للعام الواحد والتسعين انها وعلى عكس الاولى لسنة 1987..كانت علنية معلومة للجميع ..تتحدث بها النساء في الحوانيت والصبيان في الروضات .والطلبة في الجامعات .هل سمعتم بانقلاب يتحدّث عنه الناس في المقاهي وفي العلن ..توقيته وابطاله وغاياته ..انقلاب هذا ام انقلاب على تاريخ الانقلابات ..

احسن بن على ادارة المعركة بصبر كبير ,,لم يترنّح النظام ولم يتخلخل ..بل بالعكس توسّعت قاعدة المقتنعين بقدرات الرجل ..انهزمت الحركة ..ولم يكن ديسمبر من العام 1991 قد أطلّ حتى كان بن علي يعلن للإتباع ان الارهابيين انهزموا وقال عبد الله القلال يومها : »لا جريمة بلا عقاب « .

كان الغنوشي في لندن …كان بن على في قرطاج …وكان الطلبة في السجون ..
ينالون عقاب الجريمة ..وحدهم ..ومن وجد سبيلا الى المنفى تبناه .ومن تحصّن بالفرار ظل رهين التفتيش والمطاردة ودخل تحت الارض ..ومن خرج من السجن الصغير استضافه السجن الكبير وخضع للمراقبة الادارية المذلّة .
على مدى ربع قرن كانت قصص العذابات تكتب في السجون والمنافي والمخابئ السرية ..كانت المأسي تكبر يوما بعد يوم ..ولم يكن احد يعلم متى تنتهى المحرقة إلا الله ..لقد كانت محرقة لايحاكيها الحكي .
كان الطلبة ..وكنت منهم ..في قلب المحرقة .
لاحقا..في السجون ..اجتمعنا معا ..طلبة مع عسكريين مع امنيين ..كبارا صغارا ..كهولا شيوخا .. ..اجتمعنا تحت جدران الهزيمة ..التقت الاعين وطال الحديث.. وطرحت الاسئلة ..ما الذي حدث؟؟؟
كان ندم ..وكانت حيرة ..وكانت ضحكات ساخرة متوزعة بين لوم الذات ..واستنتاج عواقب النية الحسنة في غير محلّها ..ما الذي دهانا ؟؟؟اين كانت عقولنا ؟؟؟كانت اسئلة حارقة لم يكن ليجيب عنها الا الصبر ومزيدا من الصبر ..وهل يوجد غير الصبر و التسليم وانتظار المجهول الذي بدا بعيدا ..وعاليا ..اعلى من جدران السجون .

كنا ضحايا لمجرمين ..فاق اجرامهما كل خيال ..

المجرم الاوّل ..كان جائعا للسلطة يحلم بنعيمها ..وظّف الدّين واستغلّ عواطف الناس الدينية ..ووظّف كل المباح والمحظور لتحقيق غايته بعد ان امّن السلامة له ولعائلته ..ولعب الكل في الكل من اجل السلطة ..اباح لنفسه العمل داخل المؤسسة الامنية والعسكرية ..وجنّد الامنيين والعسكريين ..ودفعهم لخيانة القسم والعلم ..وأباح لنفسه القتل والاغتيال والحرق والضرب بماء الفرق ..اباح كل شئ في سبيل وهم ان يكون رئيسا للخراب على جماجم الابرياء وعلى طريق الالم والدموع والعذاب ..كان مجرما كبيرا حقيرا ..وكان الجميع يسايره نفاقا وطمعا اوحتّى بحسن نية..

المجرم الثاني كان مجنونا بالبقاء في السلطة مستعدا للقتل في سبيلها ..لم يمنعه انتصاره وكسبه للمعركة ان يعمل عقله ويفتح بابا للعفو او الرحمة ..كان مجرما بلا قلب ..اعمته السلطة عن العدل فوضع الجميع في خانة واحدة .كان مشغولا بليلاه ..وكان يبني ازليته الزائفه ..كان يعمل على تابيد حكمه ..ان يحكم للابدية ..ولم يرحم بل امتدت عصاه الى كل من لم يكن معه من كل الوان الطيف السياسي والنقابي والحقوقي ..الى ان اخذته الاقدار اخذ عزيز مقتدر ..وكان الجميع ممن حوله يسايرونه ويزيّنون فعله نفاقا وطمعا او حتى عن حسن نية …

ايها الطلبة بعد ربع قرن من معاناتكم بسبب مجرمين فاسدين من مجرمي البشرية ..اقف اليوم انا احدكم لأعلن انني اتمسّك بحقي القانوني في اطار مسار العدالة الانتقالية بالتتبع القانوني لمجرمين خطيرين اجرما في حق البلاد والعباد ..لا اطالب بالتعويض المادي ولا اراه حقا ابدا ولا اراه يعوّض يوما من ايام المحرقة والعذاب ..وإنما طلبي الوحيد التتبّع القانوني لمن اجرم في حق جيل كامل ..لمن ارسل جيلا كاملا الى المحرقة ..جيلا مكوّنا من شباب في عمر الزهور تعرّض لمظلمة دامت ربع قرن… ودفع جيل بأكمله ثمنها ..

اعلن انني اطالب بالتتبع القانوني لمجرمين خطيرين اجرما في حق البلاد والعباد ..ولن اصالح ولن اسامح قبل ان يمثلا امام العدالة :
بن على والغنوشي …مجرمان كبيران ..لن تسقط جرائمهما بالتقادم ولن يسقطها النسيان .

https://www.facebook.com/rafik.ghanmi.39?fref=ts/

توضيح الى من يهمّه الامر Rafik ghanmi.
اني اسجّل اعتراضي على منهجية عمل الهيئة ,,حيث ان جلسات الاستماع العلنية كان يجب ان تكون اخر المراحل في مسار الحقيقة والكرامة .,حيث كان يفترض ان تكون الجلسة العلنية مسبوقة بالمواجهة بين المعنيين وختم التحقيق ويمنح بعدها التكلّم للجميع في جلسة واحدة تكون نهايتها امّا القبول بالصّلح او الاحالة على القضاء ..
اسوق هذه الملاحظة بعد ان اتّصل بي شخص ـ اتحفّظ الان عن ذكر اسمه ـ اقسم بأغلظ الايمان انه ظلم وان ضحيّة ذكر اسمه خلال جلسة الاستماع تجنّيا .وبشكل مخالف للحقيقة ومهين للكرامة …
ارجو ان لاتكون هيئة الحقيقة والكرامة فاتحة باب جديد من المظالم ..
رجائي ان لا يروّج الضحايا لبطولات لانعرفها في الواقع ..وان لايحوّل لنا البعض الجلسات الى ساحة وهمية لعرض سوبرمانيته وبطولته في حكاية خرافية …
نحن هنا ملزمون حصرا بوصف الانتهاكات تحديدها وليس صناعة البطولات التي ليس هنا مجالها ..ويمكن ان تكون موضوع رواية او شريط سينمائي او حتى فلم قصير ..
علينا ان نتبيّن ..حتّى لانقع في اعراض النّاس مرّة اخرى فنظلم حتى من ظلمنا …فنعيد انتاج ظلم نعمل جاهدين على ايقاف قطاره الظالم .
عن أبي ذر الغفاري – رضي الله عنه – عن النبي – صلى الله عليه وآله وسلّم – فيما يرويه عن ربه عز وجل أنه قال : ( يا عبادي إني حرّمت الظلم على نفسي وجعلته بينكم محرّما فلا تظالموا … يا عبادي إنّما هي أعمالكم أحصيها لكم ثم أوفّيكم إيّاها ، فمن وجد خيرا فليحمد الله ، ومن وجد غير ذلك فلا يلوم الا نفسه .

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