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Fatma Ben Mansoure: La Grande qui s’ignorait


J ‘ai vu le jour une trentaine d’ heures avant 1955. J ‘étais l ‘aînée de mes parents et la première petite fille de mon grand père maternel qui s’est empressé de m’inscrire au bureau exigu de l ‘état civil de la petite commune de Teboulba.Ma famille, malgré les terres qu’elle possédait, était très modeste car ces terres ne pouvaient pas être bien mises en valeur faute d’eau douce!Les puits qu’il y avait ;leur eau était salée à des degrés divers (on était loin du programme d irrigation de l office de Nebhana). Après la disparition de mon grand-père paternel tout était partagé entre ses quatre fils et ses deux filles.Non seulement ce partage n’était pas très équitable mais mon père était indifférent ;il a pris ce que son frère ainé a voulu lui donner et il a signé sans que ma mère en soit informée !Mon père travaillait la terre à son rythme mais la parcelle qui lui est revenue était insuffisante pour produire ce qu’il fallait afin de faire vivre une famille .Au bled;ma mère était une brodeuse de renom .Sa spécialité était la broderie en fil d’or et d ‘argent et عدس وكنتيل pour les trousseaux de jeunes filles.Seulement voilà dans sa nouvelle situation de mariée et avec la seule chambre où elle devait vivre ;il n’y avait pas de place pour cette espèce de métier à broderالڨرڨاف.Elle a également compris que le petit lopin de terre ne pourrait pas suffire pour permettre à une famille de « survivre » décemment.Heureusement,elle a entendu dire que les terres du Habous allaient être mises en vente.Il y en avait qui étaient attenantes à notre petit champ.Sans en parler à personne ;elle va voir son frère »le savant et la fierté de la famille »et l’informe de son intention de vendre ses bijoux et les meilleurs articles de son trousseau pour pouvoir acquérir ce qu ‘ elle peut de ce Habous!Et c ‘est ainsi que mon père a trouvé assez d’ espace pour continuer à produire des primeurs et introduire quelques cultures vivrières.Ma mère, qui, auparavant, n ‘allait à la campagne que pendant l ‘été avec sa famille pour passer quelques semaines dans leur toute petite habitation à El Hanchia au bord de la mer,a pris la résolution d’ accompagner quotidiennement mon père au champ! Ainsi elle a appris le travail agricole et combien de fois mon père allait labourer ou tirer l eau de puits à la journée et la laissait seule au champ pour planter , bêcher enlever les mauvaises herbes et puis elle devait rentrer à la maison chargée de ce qu’ elle a pu glaner comme légumes (parfois sauvages telle queالخبيزة ou ,s’il a plu, des escargots qu ‘elle a ramassés)pour préparer les repas du jour!En été elle y allait deux fois la journée; à l ‘aube pour en revenir vers dix heures avec des figues bien fraîches et des figues de barbarie qu’elle a cueillies elle – même et qu elle nous servait avec la bsissa qu’elle a préparée de ses propres mains! Souvent avant d’aller à la campagne elle préparait ce qu’ il fallaitt pour le pain( parfois en semoule ou farine de blé ou farine d ‘orge) et de retour du champ elle le faisait cuire dans la tabouna de la maison!Une fois la canicule passée elle reprenait les sentiers qui mènaient à la petite plantation où il y avait encore à faire!Mon grand père maternel voulait bien nous aider mais ma mère refusait sous prétexte que nous ne manquions de rien !

(à suivre)

Fatma Ben Mansour le 10 juillet 2021

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