1 novembre 2005

Je vous ai adressé en date du 1 novembre 2005, une mise au point à propos des déclarations de Monsieur Ben Salah, et que j’ai signé Taher Ben Larbi. En fait mon nom complet est : Ahmed Ben Taher Ben Larbi Manaï. Estimant que mon nom risquerait de ne pas passer et soucieux de contribuer à faire la vérité j’ai signé du nom de mon père et de mon grand père, ce que je n’ai jamais fait de ma vie.
En date du 2 novembre vous m’envoyez le message suivant : bien reçu, merci.
En date du 14 novembre, je me suis rappelé à votre bon souvenir, mais vous n’avez pas réagi. Depuis j’attends la publication de ma mise au point, quoique, j’aie fini par cesser d’y croire.
Mon intérêt pour « les souvenirs de M. Ben Salah » fait partie de l’intérêt de tout citoyen pour l’histoire de son pays. Et c’est dans cet esprit que j’ai écrit en date du 7 août 2004, à Noura Borsali pour l’inviter à interpeller M. Ben Salah (dont je connais très bien les liens avec feu son père) sur sa propre responsabilité dans les événements des années 60. Je lui ai écrit notamment « Je reviens au travail que tu fais avec Si Ahmed Ben Salah pour lequel j’ai beaucoup d’estime mais, je dois l’avouer, je lui en veux d’être resté longtemps silencieux sur des événements qui appartiennent actuellement à l’histoire. Je connais B.S depuis 1954, je l’ai côtoyé un peu au milieu des années 60 et puis je l’ai revu assez souvent au cours des années 90 en exil. Je ne te cache pas qu’à un certain moment je lui avais exprimé -en 1995-, ma déception de le voir s’en tenir à sa thèse (La Banque Mondiale, Wassila and co, responsables de sa chute)) contenue dans son entretien avec Ruffin en 1975, pour évaluer l’expérience tunisienne des années 60.
Personne ne lui a posé la moindre question jusqu’ici sur les malheurs du pays au cours de cette décennie, pas uniquement au plan économique mais aussi culturel, au niveau des libertés, de la consécration du pouvoir personnel…J’ai été témoin de la fin de cette époque, pas uniquement en tant que citoyen mais aussi en tant que jeune agronome et je sais tout le mal qui a été fait à l’agriculture et au monde rural…
Il serait bon de lui rappeler certaines vérités dont surtout : que quelqu’un comme lui qui a eu tant de pouvoir et de puissance ne peut se présenter à l’histoire comme une simple victime des complots du sérail.
Au mois de septembre sortira un livre de Mzali et apparemment lui aussi continue à jouer la victime. Bref il n’y a en face des ¨bourreaux* qu’a connus la Tunisie que des victimes : Rached Ghannouchi serait aussi une victime et personne n’assume la responsabilité de ce qu’il a fait, entrepris ou échoué de faire ».
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- Ben Salah et son action appartiennent aujourd’hui à l’histoire. Il ne veut rien assumer et se permet même de nous mentir. Il l’a fait dans l’affaire de Ouardenine en 1969 et le réédite maintenant avec l’affaire Zbiri. Alors à d’autres de témoigner et pour ma part je le ferais sans la moindre concession.
Je reviens à ma mise au point et particulièrement aux dates d’entrée et de sortie de Tunisie du Colonel Zbiri. Vérifications faites, les dates que je vous ai données sont erronées et pour une fois je peux faire confiance au grand flic de l’époque Tahar Belkhoja.
Ma mise au point serait ainsi :
« La confusion de Monsieur Ben Salah »
J’ai lu avec beaucoup d’intérêt les entretiens de Monsieur Ben Salah. J’avoue personnellement que j’attendais un peu plus d’un homme de son envergure mais puisque qu’il ne peut donner davantage, contentons-nous de ce qu’il accepte de nous livrer des souvenirs de sa vie publique. J’aurai l’occasion de revenir avec beaucoup plus de détails sur ces entretiens et je me contente dans l’immédiat de relever une très grave « confusion » dans son dernier entretien avec Noura Borsali.
Ainsi, à la question de Noura Borsali « Vous avez été reçu par le Président Boumediène dès votre arrivée à Alger », monsieur Ben Salah répond : « Oui. Après m’être installé dans une maison mise à ma disposition par l’Etat algérien, j’ai dîné, deux jours après mon arrivée, avec Boumediène, en tête à tête après y avoir été emmené par Ahmed Draïa, colonel de l’armée et directeur général de la sûreté et Si Abdelkader (2). Et c’est durant cette entrevue que j’ai assisté à l’appel téléphonique de Bourguiba et pu écouter la communication entre lui et Boumediène. Ce n’était pas très beau. Bourguiba lui a dit qu’il venait d’apprendre que Tahar Zbiri (celui qui a fait le coup d’Etat contre Boumediène) était en Tunisie…. Boumediène m’a alors fait un signe pour me signifier qu’il s’agissait là d’une demande d’échange. Alors, il lui a répondu : “ Oui, nous le savons mais cela ne m’intéresse pas etc…. ”.
Or comme signalé dans le texte de l’interview, M. Ben Salah a fui la Tunisie le 4 février 1973. Il a été reçu à dîner par feu Boumedienne deux jours plus tard …et écouté la conversation téléphonique entre les deux présidents. Il aurait ainsi entendu Bourguiba proposer à Boumedienne l’échange du colonel Zbiri (auteur d’un coup d’Etat avorté et, selon M. Ben Salah, aux mains des autorités Tunisiennes à cette époque), contre Ben Salah.
Cela est tout simplement faux. Voici le témoignage de Tahar Belkhoja directeur général de la Sûreté nationale
Le 31 mai 1968, il (le Colonel Zbiri) se présente en fugitif à nos frontières, et notre garde nationale s’assure de sa personne. Alors directeur général de la Sûreté nationale, j’en avise le Président et nous convenons de l’accueillir discrètement en l’autorisant à « séjourner en Tunisie ». Le 13 juin 1968, il quittera notre pays de son plein gré.
Merci
Ahmed Ben Taher Ben Larbi Manaï
Ahmed Manaï <tunisielibre@yahoo.fr>
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15 déc. 2005 à 13:54