
A l’aube du XXIème siècle, la Tunisie, riche de son histoire, de ses hautes traditions de lutte pacifique et de ses ressources humaines, est en droit d’aspirer à une vie démocratique dans le cadre d’un système politique garantissant les libertés fondamentales, la participation libre et effective de ses citoyens à la vie politique et l’alternance au pouvoir. Force est de constater qu’après 43 années d’indépendance, jalonnées de nombreux acquis et de revers et en dépit des lourds sacrifices consentis par le peuple tunisien, le régime démocratique n’a toujours pas vu le jour.
Bien plus, depuis le coup d’Etat de 1987, un régime policier d’une extrêmesophistication a établi une chape de plomb sur le pays, quadrillant tous les espaces dela vie politique, sociale, culturelle et même privée, régissant tous les instants de lavie et réprimant durement toute forme de contestation ou d’opposition.
Des milliers de prisonniers d’opinion, hommes et femmes, de tout âge, de toute origine sociale et de toute tendance politique, condamnés lourdement à l’issue de procès iniques, tenus au mépris des droits de la défense et des normes de procédure juridique ,désespèrent dans les prisons. L’usage de la torture est une pratique systématique et souvent fatale dans les locaux de la police et de la Garde nationale, ceux du ministère de l’Intérieur et dans les prisons. Les proches, amis et voisins des prisonniers, des militants des droits humains et des exilés sont eux-mêmes victimes d’intimidations, de harcèlement et de menaces. Des milliers de Tunisiens sont privés de passeport, de téléphone et empêchés de circuler librement à l’intérieur même du pays.
Le pouvoir tunisien demeure sourd aux appels des organismes intergouvernementaux et auxprotestations des Organisations non-gouvernementales et aveugle aux risques sérieux d’uneexplosion sociale sous l’effet conjugué du chômage, de la corruption généralisée etd’une mondialisation sauvage. Il trouve même une caution à sa politique répressive dansl’Accord de partenariat, négocié et signé à la hâte avec l’Union européenne, dont ilcontinue à mépriser l’article 2, qui stipule le respect des droits humains.
A l’heure où les Tunisiens se trouvent contraints de plébisciter à nouveau sanssurprise le Général Ben Ali à la présidence, sans autre perspective d’avenir, lessoussignés appellent l’Union européenne à geler l’Accord de partenariat avec laTunisie, tant que son gouvernement n’en applique pas l’article 2, ne promulgue pas une loid’amnistie générale et ne s’engage pas sérieusement dans une démocratisation de la viepublique.
Septembre 1999
Premiers signataires:
Personnes :Ahmed Manai ; Afef ; Abdelaziz Agoubi ; Lazhar Aissaoui ; Abbas Aroua ; Rabha Attaf ;Medjehed Benabdellah ; Imad Ben Mohamed ; Abdelali Bentaieb ; Jacques Berthelot ; JacquesBorde ; Mounir Boughattas ; Christian Brunier; Gérard Coutureau ; Violette Daguerre ;Raymond Debord; Christophe Denizeau ; Hélène Dupont ; Fausto Giudice ; Aziz S. Fall ;Dhaou Fallah ; Andrée Grin ; Ramzi Hachani ; Tahar Haddad ; Abdelwahab Hani ; Amina Kadi; Abdallah Kebbi ; Kamel Khedhri; Malika Khier ; Djimadouni Ley-Ngardigal ; Larbi Maaninou;Bilal Manaï ; Haytham Manna ; Fabien Marius ; Soumia Najah; NoureddineKhatrouchi ; Abdel-karim Ouedherfi ; Islael Rumzan ; Jean Sanchez ; Mondher Sfar ; Ginette Skandrani ; B. Tayeb ;
Associations : Alliance Zapatiste de Libération Sociale (AZLS ) – Association des Amis de la Liberté (Stockholm) ; Association des Droits de la Personne au Maghreb ; Collectif dela Communauté Tunisienne en Europe (CCTE) – Comité de Soutien au Forum Démocratique ;Commission arabe des droits humains (ACHR) – Comité pour la Paix Civile et la Démocratieen Algérie ; Groupe de Recherche et d’Initiative pour la Libération de l’Afrique ; HijraInternational Organisation (Genève) ; Institut Tunisien pour le Développement de la Démocratie et des Relations Internationales (ITRI) – SOS-Tunisie ; Voix populaire.
Signatures à communiquer : 1) par fax au 01 43 29 26 79 ; 2) par tél. au 01 43 29 68 98; 3) par courrier au 1, rue Cassini, 75014 Paris ; 4) par e-mail : cassini @compuserve.com