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Ramadan 1981 à 2015: Un petit rappel historique


procès du MTI

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Les débuts du mois de Ramadan 2015 ont connu une vive polémique sur la fermeture des cafés, restaurants et autres établissements servant de la nourriture et des boissons pour les touristes, les non pratiquants et autres malades durant la journée de jeûne. Nous avons même assisté à des descentes policières musclées dans certains établissements pour signifier à leurs patrons l’obligation de fermer leurs portes et la presse a rapporté que nombre de clients attablés à des cafés ou des restaurants ont été harcelés et insultés par la police et certains ont même été violentés.

Il n’est pas inutile de rappeler l’atmosphère du mois de Ramadan 1981 qui a connu la première vague d’arrestations des islamistes du MTI, sur fond de menaces sur les non jeûneurs. Une vague d’arrestations s’abat sur les dirigeants et militants du Mouvement de la Tendance Islamique(MTI) qui venait de sortir de sa clandestinité partielle avec sa conférence de presse en date du 5 juin 1981. Presque tous ses dirigeants nationaux et régionaux ont été arrêtés et les rares qui ont pu échapper c’étaient des militants étudiants qui ont réussi à fuir en Algérie et en Europe.

A l’époque, la direction du MTI avait expliqué ces arrestations par l’autoritarisme du pouvoir, ce qui était bien vrai, mais surtout la menace que lui faisait courir l’apparition d’un mouvement jeune cherchant à agir dans la légalité. Elle n’a jamais expliqué par contre pourquoi elle avait « choisi » ce moment précis pour sortir de sa longue et semi clandestinité dans laquelle elle se confortait bien. En vérité la raison profonde de leur acte  tient au fait que toutes les archives du mouvement ont été saisies par la police lors d’une descente au local de la revue AlMaarifa, siège du mouvement, le 5 décembre 1980, soit six mois avant la conférence de presse. Depuis cette date plus rien de ce qui touchait à ce mouvement, à son organisation interne et à ses réseaux de sympathisants et de soutien n’échappait au pouvoir.

Et l’on se demande pourquoi les arrestations attendirent si longtemps, plus de sept mois après la découverte des archives et près d’un mois et demi après la conférence de presse du 5 juin et pourquoi elles se sont faites en plein Ramadan. Il faut avouer que si le pouvoir avait l’intention de les arrêter, il l’aurait fait aisément après le 5 décembre 1980, ou juste après ou avant la conférence du 5 juin 1981, sans crainte d’une réaction populaire ou même de la société civile, à l’époque réduite à son strict minimum.

Ahmed Manai/11/07/2015

Ramadan 1981

A l’approche du mois de Ramadan 1981, il y avait beaucoup de tension dans l’air. Le mois de jeûne était depuis quelques années, le mois de tous les problèmes, de toutes les craintes et de tous les conflits, dans les familles et dans la rue. De nombreux jeunes proches ou appartenant au MTI avaient pris l’habitude de jeûner selon le calendrier de l’Arabie saoudite, qui se fonde sur l’observance du croissant alors que la majorité des tunisiens suivaient le calendrier officiel tunisien se fondant sur le calcul. Il arrivait souvent que dans la même famille, on avait un décalage d’un jour ou deux pour le début du jeûne et pour l’Aïd ce qui était source de grand malaise. Le Mti pour sa part se sentait déjà assez puissant pour exercer sa pression sur l’environnement social, lancer ses premiers interdits et proférer ses menaces sur les cafés et les restaurants qui enfreindraient ses consignes de fermeture. La circulaire Mzali de juillet 1981 « préconisant entre autres, la fermeture des cafés et restaurants, durant le mois de ramadan, ainsi que l’interdiction de vente de boissons alcoolisées, avait été annulée deux jours après sa parution, sur décision du chef de l’Etat, Habib Bourguiba ».

Bourguiba à Monastir

Le 18 juillet 1981, Bourguiba qui avait l’habitude de passer ses vacances à Skanès, fit une tournée à Monastir et découvrît une ville morte. Cafés, restaurants et autres débits de boissons avaient portes closes alors que des nuées de touristes désœuvrés se réfugiaient à l’ombre des arbres. Il demande explication auprès de ses accompagnateurs qui lui révélèrent que les khouanjias avaient menacé les restaurateurs et cafetiers des pires conséquences s’ils ouvraient leurs établissements durant la journée de jeûne. Ils lui expliquèrent qu’une campagne de tracts doublée de rumeurs bien distillées avait fini par désarmer les plus courageux d’entre eux et les faire cédé ainsi aux menaces.

C’est alors qu’il donna ses ordres pour faire arrêter tous ces « khounjias», d’autant que leur chef, Rached Ghannouchi était venu ce jour là à Bekalta, dans les environs de Monastir, comme pour le défier dans son propre fief. Ce sont là les véritables raisons de cette première vague d’arrestations des islamistes du MTI et de leur procès au mois de septembre. Notons qu’une seconde saisie d’archives du mouvement, plus importante que la première a été effectuée au mois de juillet 1986 à Zahrouni, dans la banlieue de Tunis, et qu’elle n’avait pas donné lieu à des arrestations.

Notons aussi que les saisies d’archives de décembre 1980 et de juillet 1986, n’avaient touché que la branche politique de ce mouvement, sa branche armée, appelée « Amal Khass عمل خاصou Tanzim Esserriتنظيم سري , organisation secrète » composée de militaires, de policiers, de douaniers et de civils était demeurée secrète. Il a fallu attendre le 8 novembre 1987, pour découvrir le pot aux roses, ce que le mouvement continue à nier malgré les nombreux témoignages de certains de ses dirigeants de premier plan !

Ce texte a été repris par « Réalités » avec ce petit chapeau :

Ahmed Manai représente l’une des figures de l’opposition du temps de Ben Ali. Cet intellectuel Tunisien faisait tellement peur à l’ancien Président de la République qu’il a attenté à sa vie à deux reprises et qu’il l’a condamné à l’exil en France, pendant 17 ans. Ancien expert international auprès de l’ONU et président de l’Institut Tunisien des Relations Internationales, Ahmed Manai est l’auteur de « Supplice Tunisien – Le jardin secret du général Ben Ali », un ouvrage d’une grande valeur historique où il décrit les événements survenus pendant l’été de 1981.

http://www.realites.com.tn/2015/07/ramadan-1981-le-temoignage-de-ahmed-manai

 

 

5 commentaires sur “Ramadan 1981 à 2015: Un petit rappel historique

  1. PERSONNE, dans ce pays ne peut avoir le cran et la force de décision de BOURGUIBA !!!!!! Ne me dites pas que c’était un « dictateur » !!!!!! Il connaissait très bien ce qu’il fallait à notre pays et à notre peuple ………. Même s’il était vivant, aujourd’hui, il aurait fait la même chose !!!!! Voyez où nous en sommes !!!!!

  2. Tahar Thabti
    22 min ·
    تونس: « هلال رمضان » الّذي لم يَسلم مِن عبث « الإخوان ».
    كان فرع جماعة الإخوان بتونس يعاكس وَيناكف النّظام « المطاح به » مع كلّ إهلالة لشهر رمضان المعظّم وَمع خواتيمه المباركة على إعتبار أنّ فريضة صيام الشّهر يجب أن تبدأ وَأن تنتهي وفق « فقهه » آنذاك بإذن صريح مِن « مفتي بلاد الحرمين الشّريفين ».
    يَذكر الجميع ذلك وَيتذكّر أيضا أنّ تعاطفا شعبيّا كان يطغى على المزاج العامّ حيال هذا الموقف بإعتباره علامة على الإيمان بثوابت الفرائض وَالإصرار عليها وَلو بمزاولة التّقيّة وَبإعتباره حاسما لإشكاليّة « الرّؤية وَالحساب » وَبإعتباره أيضا ضامنا لوحدة الممارسة الدّينيّة بروح الجماعة المقتضاة طقوسا وَغاية.
    حصل ذلك رغم إهتزاز ثقة الكثيرين في « الإدارة السّياسيّة للحرمين » وَإتّهامهم لها بأنّها خارج الوعي بكلّ تلك « الدّفوعات المنهجيّة وَالمضمونيّة » إلى أن جدّ سنة2011 ذلك « التّحوّل الرّبيعيّ » الّذي دفع بفرع جماعة الإخوان إلى صدارة المشهد فتبيّن على الفور وَمنذ أوّل رمضان وَأوّل عيد فطر أنّ إنسجام الفرع مع « إدارة الحرمين » في هذا الباب لم يكن على خلفيّة (فقهيّة) بل كان على خلفيّة سياسيّة وَ »حزبيّة » مصلحيّة بدليل تخلّي الفرع عن نهجه في التّقيّد بإذن « مفتي الحرمين » حالَ تمكّن الفرع (أو تمكينه بتعبير أدقّ) مِن مقاليد « النّظام » المحلّيّ وَظهور إختلافات « سياسيّة » عرَضيّة مع إقطاعيّة « آل سْعود ».
    كم مِن النّاس الأبرياء كابدوا جرّاء هذا الموقف « السّياسيّ » المغلّف ب »الفقهيّ » وَكم مِن النّاس الأبرياء تأذّوا مِن العبث بطقوسهم بفعل هذه المراوحة الّتي فكّت إرتباطهم مؤقّتا ب »مفتي نظامهم الغاشم » وَوجّهتهم إلى بوصلة « آل سْعود » قبل أن تعود بهم في ظلّ « منظومة فرع الإخوان وَشركائه » إلى « مفتي الدّيار التّونسيّة » الّتي أصبح الكثيرون مِن أهلها لا يميّزون لفرط بؤسهم الشّامل بين الأديان وَالدّيون(★)!!؟.
    (★) خلط لغويّ وقعت فيه سنة2014 « وزيرة ربيعيّة ».
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