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Révélations: Les Anglais préparaient l’invasion de la Syrie bien avant le début du conflit


Roland Dumas

Roland Dumas, ancien chef de la diplomatie de François Mitterrand

Celui qui a été le chef de la diplomatie de François Mitterrand pendant presque dix ans, passe en revue les personnages majeurs auxquels il a été confronté et qui l’ont « façonné », chacun avec ses armes. Des artistes comme André Masson ou Pablo Picasso, qui l’ont initié au labyrinthe du Minotaure où s’affrontent la violence et le sexe ; des écrivains, tels Georges Bataille, Jean Genet ou Pierre Guyotat qui lui ont appris que l’homme doit tutoyer les Dieux et ne pas craindre de se confronter au Malin ; des Mazarin, à l’instar de François Mitterrand, à qui il doit sa fulgurante carrière dans l’arène politique ; des pirates de la politique, tel Jean-Marie Le Pen, prêts à tous les coups de Trafalgar ; des dictateurs, nommés Mouammar Kadhafi ou Hafez El-Assad, qui prouvent que le diplomate se pare aussi des dépouilles de Thésée pour affronter le monstre jusque dans son antre… Ce fil qui tisse toute une vie s’appelle « passion ». L’ancien ministre de François Mitterrand publie « Dans l’œil de Minotaure » et juge très sévèrement la politique étrangère « va-t’en-guerre » de la France menée par Laurent Fabius et surtout le dossier Syrien. Extraits de son interview accordée aux quotidiens Nice-Matin et Corse-Matin

Deux ans après Coups et Blessures, Roland Dumas, 90 ans, ancien ministre des Affaires étrangères de François Mitterrand, revient en librairie avec Dans l’œil du Minotaure – Le labyrinthe de mes vies (Le Cherche Midi), véritable musée d’une vie où se côtoient Picasso, Mitterrand, Lacan, Maria Murano, Le Pen, Bataille, Pavarotti, Gorbatchev…

Comment définir votre livre ?

C’est un recueil de souvenirs de gens que j’ai rencontrés, mais avec qui je n’ai pas eu le même type de relation. Comme Mitterrand ou Picasso, par exemple, dont j’ai été l’avocat.

Trouvez-vous fidèle à votre image de dire : « Quand il y avait un coup un peu tordu à faire, Mitterrand savait qu’il pouvait toujours compter sur moi »?

C’est fidèle à une partie de ma personnalité et j’ai eu de multiples occasions avec Mitterrand de répondre à ces critères. Par exemple, lorsqu’il a été question qu’un livre subversif de Jean-Edern Hallier paraisse sur lui et sa fille. J’ai été chargé par Mitterrand de régler ce problème. Ce que j’ai fait.

Vous dites que « Mitterrand avait ce côté méfiant vis-à-vis de la finance, dont il s’est accommodé par la suite ». Pourriez-vous écrire la même phrase au sujet de Hollande?

Non parce que ce n’était pas du tout le même genre d’homme. Je connais très bien Hollande puisque c’est moi qui l’ai amené à la vie publique dans sa circonscription de Tulle. On a une grande amitié mais j’étais beaucoup plus mêlé à la vie personnelle, professionnelle et publique de Mitterrand qui était très distant avec la finance. La phrase de Hollande, je l’ai interprétée comme une réflexion sur la relation qu’un homme public, dans ses projets pour l’État, entretient avec le monde de la finance. C’était une position philosophique.

L’opposition juge Hollande illégitime. Qu’est-ce qui ne fonctionne pas dans sa façon de présider ?

Les mauvaises nouvelles économiques et sociales se succèdent les unes après les autres et il est difficile de maintenir une majorité dans un contexte pareil. On ne peut pas aller à l’élection tous les huit jours sous prétexte que les choses ne vont pas. Ce serait dangereux.

Comment jugez-vous l’engagement de Mélenchon ?

Il a été ministre avec moi. C’est un garçon qui a du talent. Il a fait un choix politique qui n’est pas le mien. Il a pris une option sur l’extrême gauche. Ce n’est pas maladroit de sa part au point de vue des idées et de la carrière. Il sent bien que les difficultés sont devant nous et qu’elles vont profiter aux extrémistes. Donc, il préfère être là. Ce n’est pas glorieux, mais c’est courageux.

Pourquoi l’action de Laurent Fabius au Quai d’Orsay ne vous convient-elle pas ?

Je ne suis pas du tout pour cette orientation donnée à la politique étrangère au nom de la France. C’est une position marquée par le suivisme à l’égard des États-Unis et de l’État d’Israël. Une position de va-t-en-guerre qui ne sied pas d’ordinaire à la tradition politique de la France qui est plutôt une recherche de la paix et de la défense de la paix.

Est-ce que la France agit comme il se doit face à la crise en Syrie ?

En Syrie, la France est très maladroite. Elle fait un faux calcul. Il faudrait d’abord tenir compte des positions respectives des États dans la région. On ne peut pas non plus écarter la Russie qui n’abandonnera jamais la Syrie où elle a des intérêts légitimes. On donne des armes aux rebelles, immédiatement les Russes envoient des armes au gouvernement légitime et envisagent d’envoyer des avions. On va tout droit à la guerre. Aujourd’hui, la France est malheureusement traitée par le mépris. Elle était au début sur une position très dure, affirmant qu’il n’y aurait pas de conférence tant que Assad serait au pouvoir. Assad est au pouvoir, il ne part pas, la conférence a lieu et la France a perdu la face.

Qu’avez-vous pensé de l’attitude de Hollande sur le Mali ?

François Hollande a été très influencé par les militaires français qui avaient envie d’en découdre. À tout prendre, c’était une bonne opération de police mais pas une opération guerrière. Une opération de police qui a remis un peu d’ordre dans la région mais qui n’a réglé aucun problème. Est-ce que des élections sont faites ? Pas encore. Que donneront-elles ? Quelle est la situation au Tchad, au Niger où il y a beaucoup de turbulences et de bruits de bottes ?

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