Liberté d’expression à géométrie variable
Les manifestations en réaction au film islamophobe « The innocence of muslims » ayant enflammé le monde musulman, ont eu des répercussions en France. Samedi 15 septembre, un petit groupe d’environ 100 à 250 personnes ont tenté de manifester devant l’ambassade étatsunienne à Paris. Il n’en a pas fallu davantage pour réveiller les ardeurs du microcosme médiatico-politique toujours prompt à défendre le « monde libre » contre les « barbares islamistes ».
par Youssef Girard: 18-09-2012
Liberté d’expression à géométrie variable
Les manifestations en réaction au film islamophobe « The innocence of muslims » ayant enflammé le monde musulman, ont eu des répercussions en France. Samedi 15 septembre, un petit groupe d’environ 100 à 250 personnes ont tenté de manifester devant l’ambassade étatsunienne à Paris. Il n’en a pas fallu davantage pour réveiller les ardeurs du microcosme médiatico-politique toujours prompt à défendre le « monde libre » contre les « barbares islamistes ».
Interrogé sur France 2, le ministre de l’Intérieur Manuel Valls a déclaré que cette manifestation était « inacceptable » : « Je ne permettrai pas que des femmes voilées entièrement, que des prières de rue, que des slogans hostiles à des pays alliés, à nos valeurs, puissent se faire entendre dans nos rues »[1].
Outre les États-Unis, nous pourrions nous poser la question de l’identité desdits « pays alliés » contre lesquels le ministre de l’Intérieur veut interdire de prononcer « des slogans hostiles ». Celui qui se déclarait lié « de manière éternelle à Israël »[2], ne pensait certainement pas uniquement aux « slogans hostiles » aux États-Unis en prononçant ces mots. Nous pourrions aussi nous poser la question des soi-disant « valeurs » que le ministre de l’Intérieur refuse de voir dénoncées publiquement lorsque l’on connaît sa propension à déplorer le manque de Blancs à Évry[3] ou à organiser la « chasse » aux Roms.
Au-delà de ces questions, en souhaitant bannir l’expression de certaines opinions de l’espace public, Manuel Valls affirme ouvertement vouloir porter atteinte à la « liberté d’expression » qu’il se gargarise de défendre. Cette « liberté d’expression » ne s’appliquerait visiblement pas aux musulmans voulant exprimer leur colère et leur indignation. Pourtant, ladite « liberté d’expression » est systématiquement invoquée pour défendre toutes les attaques contre l’islam et les musulmans. Le « blasphème » aurait un statut de droit inaliénable, de valeur « sacrée ». Il serait du devoir des musulmans d’« apprendre » à accepter passivement la « critique », pour ne pas dire l’insulte, de leur religion, de leur culture et de leur civilisation.
Cette « liberté d’expression » tant vantée ne donnerait-elle pas aussi le droit aux musulmans de prononcer des « slogans hostiles » à l’égard de tel ou tel État et à l’égard de « valeurs » qu’il reste à définir ? Ce droit ne relèverait-il pas lui aussi d’un droit inaliénable, d’une valeur « sacrée » ? Visiblement non, selon les principes à géométrie variable du ministre de l’Intérieur d’un pays condamnant l’outrage au drapeau national de 1 500 euros d’amende. Le droit au « blasphème » a de saintes limites républicaines qui ne sauraient être transgressées.
Ne vivant officiellement plus sous le code de l’indigénat, la « liberté d’expression » devrait s’appliquer aux musulmans comme aux autres catégories de la population qui sont censées avoir parfaitement le droit d’exprimer leur colère, leurs revendications et leur indignation publiquement. Les musulmans devraient pouvoir manifester en toute liberté en vertu des principes hautement revendiqués par le ministre de l’Intérieur. En violation de ces principes lorsqu’il est question des musulmans, M. Valls préfère menacer, interdire et réprimer. Il perpétue ainsi une logique coloniale dans laquelle deux humanités ontologiquement différentes ont des droits distincts : « liberté d’expression » pour les occidentaux ; injonction au silence pour les autres.
Manuel Valls et ses acolytes donneurs de leçons de « liberté d’expression » et de « démocratie » devraient savoir que les idées trahies se vengent souvent terriblement. L’adage n’affirme-t-il pas que « quiconque creuse un puits sous les pieds de son prochain, y tombera lui-même ».
Youssef Girard
[1] « Enquête ouverte après la manifestation islamiste de Paris », URL : http://fr.reuters.com/article/topNews/idFRPAE88F04M20120916
[2] Hamza Hichem, « Manuel Valls : « Je suis lié de manière éternelle à Israël », URL : http://oumma.com/Manuel-Valls-Je-suis-lie-de
[3] Martin Julien, « Manuel Valls aimerait plus de « blancs » dans sa ville d’Evry », URL : http://www.rue89.com/2009/06/10/manuel-valls-aimerait-plus-de-blancs-dans-sa-ville-devry?page=11
Rien ne saurait justifier l’assassinat d’hommes qui parlent librement ou qui se livrent, même, au blasphème. Si on exterminait les imbéciles, la terre risquerait de devenir rouge de sang, d’autant que les bourreaux seraient les plus fortement idiots, tels ceux qui manipulent l’ignorance, attisent la haine et les ressentiments à l’égard des Occidentaux.
Si personne ne confond le monde musulman avec les mouvances extrêmes islamistes, force est de constater les violences meurtrières, les rapts, les désirs hégémoniques, les appels à la guerre sainte …, de ces dernières. Il est aussi difficile d’ignorer qu’elles cherchent à imposer, par la peur et par la force, leur dictature religieuse rétrograde, non seulement dans les pays musulmans, mais aussi, dans d’autres pays, dont la France.
En effet, outre leur désir reconnu illégal du voile, car contraire à ses valeurs républicaines, par exemple, certains continuent à défier cette loi ; d’autres assassinent, d’autres vont combattre avec les Afghans contre l’armée française, d’autres affichent clairement, et depuis des années, leurs ambitions d’instaurer un régime islamiste dans l’hexagone, comptant notamment sur la démographie grandissante des musulmans et sur leur fol conviction que le monde entier obéisse, sous peine de mort, aux préceptes du prophète. Les occidentaux ne sauraient se plier à de telles menaces, contraires à l’idéal humaniste vers lequel ils progressent, en tête de l’Humanité.
Cette évolution passe, certes, par le développement du respect mutuel. C’est pourquoi ils ont donné naissance au concept de laïcité, qui s’oppose naturellement à la pratique du blasphème. Mais, la prime forme de la tolérance et du respect est celle de la vie ; c’est pourquoi la France ne pratique plus la peine de mort.
Une personne qui brûle un livre ne devrait faire offense à personne. En revanche, la tuer est une offense aux Humains.
On a le droit d’exprimer son indignation à celui qui offense ses convictions, mais pas en manifestant son hostilité à l’égard de tout un peuple, jusqu’à assassiner certains de ses membres, – qui ne sont même pas concernés par cette offense.
Vous avez le droit de penser que les valeurs de la France sont contestables et de vous indigner que l’outrage à son drapeau soit pénalisé, mais il faut faire preuve de mauvaise foi pour comparer une amende avec une mise à mort. Imaginons la réaction d’islamistes si un occidental brûlait le drapeau de leur pays, chez eux ! Ils vont jusqu’à frapper et insulter des touristes qui se promènent dans leur tenue occidentale … Peut-on vraiment, ici, comparer, et évoquer sérieusement une liberté d’expression à géométrie variable ?
La foi religieuse est du domaine de l’intime ; croire ou faire croire qu’elle concerne la politique, c’est feindre d’ignorer les guerres de religion passée, pour risquer de plonger le monde dans un conflit des civilisations, qui ne pourrait être que catastrophique pour tout le monde.
Le barbare est celui qui ne réfléchit pas aux conséquences de ses actes démesurés, haineux et sanguinaires.
L’adage que vous citez, concerne davantage les manifestants islamistes qu’il ne concerne tous les Humains, de toutes confessions et croyances, attachés au respect mutuel et à la liberté individuelle : « quiconque creuse un puits sous les pieds de son prochain, y tombera lui-même ».
Les islamistes ne parviendront pas à convaincre les Humanistes que leur interprétation de la charia est préférable aux valeurs définies par la France ; c’est d’ailleurs pourquoi ils utilisent la violence.
le douloureux problème israélo-palestinien ne peut se résoudre par la guerre, mais par la volonté commune de créer un espace d’équité, avec le concours de tous les pays du monde.
De même, celui des Roms ne peut se résoudre que par leur ferme volonté de se libérer de leurs coutumes et misères, avec l’aide du concours de tous les Européens. Mais cela ne se peut que dans le respect des lois des pays dans lesquels ils s’installent.
De même, les musulmans de France, doivent respecter prioritairement les lois de la République, notamment celle d’obtenir l’autorisation de manifester, et, surtout, de ne pas chercher à imposer leurs croyances religieuses personnelles, qui y sont contraires, dans l’espace public, et qui ne servent que des ressentiments et des volontés hégémoniques.
Nous avons encore trop à faire pour développer la démocratie, pour retomber dans le pire des systèmes moyenâgeux.
http://www.transrealisme.org
« Le barbare est celui qui ne réfléchit pas aux conséquences de ses actes démesurés, haineux et sanguinaires. », parlez-nous un peu de ces barbares qui au nom de la démocratie vont faire les guerres en Afghanistan, Iraq, Afrique, Libye, et en Syrie pour piller leurs richesses naturelles en massacrant des milliers d’innocents…..
Dans le monde actuel, les pays occidentaux, notamment la France, demeurent les plus avancés en matière de démocratie, de valeurs et droits humains (liberté, égalité, solidarité, laïcité), même s’il leur reste beaucoup à faire pour concrétiser l’idéal, – idéal que vous partagez certainement.
Nul ne peut ignorer les mouvances islamiques qui développent ressentiments et haine profonde à l’égard des occidentaux, sans oublier leur désir d’imposer la charia au monde. Elles se livrent aux terrorismes, enlèvements, assassinats, destructions de monuments, intolérances … C’est une réelle menace, d’autant plus grande qu’elle va à l’encontre des valeurs humanistes de l’Occident qui ne veut pas retomber dans affres de son passé le plus sombre, auxquels la religion tint, souvent, un rôle déterminant à cause de ses mauvais représentants manipulateurs, cruels, oppresseurs, plus soucieux de servir leurs désirs dominateurs que ceux des gens. Les tristes successeurs de ces derniers ne sont-ils pas ces mouvances extrémistes islamiques dont ils justifient leurs crimes par dévotion à leur Dieu ?
N’est-il pas normal et salutaire que l’Occident s’en défende ?
Sans faire prétention d’évangélisme, penser que les occidentaux sont, aujourd’hui, des agresseurs et exploiteurs du monde arabe, me paraît infondé. Il ne faut pas mélanger politique, religion et économie. Que chaque peuple cherche à développer ses intérêts économiques n’est pas répréhensible, à condition de ne pas utiliser la force, pour y parvenir.
Or, l’époque colonialiste est révolue. Les échanges commerciaux se font avec l’accord des dirigeants des pays concernés. Si la corruption maintient la misère de peuples, quel est le système le mieux placé pour la faire disparaître et défendre ses intérêts, sinon la démocratie ? Vous passez, en outre, sous silence, les aides des pays occidentaux aux anciens colonisés.
(Après l’indépendance de l’Algérie, j’y ai enseigné, en 11965, en tant que coopérant militaire. J’ai apprécié mes élèves algériens et éprouvé une profonde joie, même si, auparavant, j’aurais souhaité que l’Algérie demeurât française et que tous ses habitants y jouissent des mêmes droits. Aujourd’hui, en France, n’y a-t-il pas des ministres d’origine algérienne … ? Un jour viendra où le monde, s’il évolue salutairement, ne connaisse plus de frontières et dans lequel les différences seront respectées tout comme les droits de chacun.) Ce paradis terrestre ne saurait émerger avec les extrémistes.)
Une grande avancée pour l’Humanité a été réalisée, en séparant la religion et la politique ; cela permet de diminuer les fanatismes, – ce que, malheureusement, les islamistes extrémistes développent et exploitent.
Il est vrai que l’Occident se fait un devoir d’aider les peuples qui souhaitent se démocratiser et se républicaniser, tout comme des islamistes belliqueux veulent imposer leur dictature au monde. Quel est celui qui a la posture de barbare dans cette rivalité, – qui peut conduire les Hommes à s’entredéchirer grandement, si le monde musulman se laissait séduire par ces derniers ? Et qui est l’agresseur ?
Afghanistan : siège d’Al-Qaïda à l’époque du World Trade Center … a obligé l’Occident à intervenir. Les dépenses, en vies et en argent, sont une pure perte pour les pays engagés depuis dix ans …
IraK : à noter que la France a refusé d’intervenir dans le deuxième conflit, ce qui ne signifie pas, par exemple, qu’elle cautionnait le massacre de Kurdes …
Libye : Est-ce barbare de venir en aide à des populations qu’un dictateur promet de massacrer, à l’époque du printemps arabe ?
Libye, Syrie : preuve est faite que le printemps arabe a tendance à se transformer en hiver islamiste hégémonique et rétrograde. Quel sournois intérêt aurait l’occident d’intervenir, sinon de donner le sang de ses fils ?
Afrique : la menace grandit, et il serait irresponsable de la laisser se développer aussi bien pour l’Afrique que pour l’Europe.
Certes, il appartient aux peuples de se libérer eux-mêmes de leur joug. Toute intervention étrangère, aussi désintéressée soit-elle, est, à l’évidence, manipulée par les extrémistes.
Ces derniers s’emploient même à enrégimenter des jeunes à leur cause funeste et haineuse, au sein des pays occidentaux, pour les transformer en martyrs assassins. Cela développe peurs et suspicions qui ne favorisent pas le mieux-vivre ensemble et qui peuvent conduire à de graves conflits internes, ce qui est un innommable ou barbare dessein.
Entre un dieu ou une idéologie qui cherche à épanouir et à parfaire l’humain sur terre, et ceux qui cherchent à le soumettre et à s’entretuer, il va falloir choisir. Mais, à l’évidence, Dieu n’a rien à faire dans une idéologie rétrograde et meurtrière.
Le barbare est celui qui met ou qui cherche à mettre le monde à feu et à sang. Et aucune croyance, aucun Dieu, aucune idéologie au service de l’amélioration des relations, de la liberté individuelle et du respect mutuel, ne sauraient se reconnaître dans ces croyances et pratiques qui tuent les hommes comme les animaux tuent leurs proies. Avec une différence d’importance, toutefois, les animaux tuent pour survivre alors que les extrémistes tuent sans se rendre compte qu’ils peuvent mettre en danger la survie de l’Humanité, car, un conflit d’importance, peut, aujourd’hui, conduire le monde à sa perte.
Les Occidentaux ont pris le chemin qui éloigne l’Homme de son animalité pour développer sa spiritualité ou sa lucidité. Aucune force, aucune motivation, ne sauraient les en détourner, d’autant que nombre d’Humains, en tout pays, les rejoignent sur cette voie idéale et fraternelle.
Si personne n’est parfait, l’important est de chercher à se parfaire. Mais, c’est seulement, tous ensembles, que nous pouvons y parvenir, en surmontant, déjà, nos clivages, préjugés et ressentiments.
http://www.transrealisme.org
Il ne faut pas confondre liberté d’expression et troubles à l’ordre public.
Largement considérée comme la liberté la plus fondamentale qui soit en régime démocratique, la liberté d’expression se décline en plusieurs facettes et pénètre presque tous les domaines de la discipline juridique. Du droit de ne pas s’exprimer à la liberté de la presse, en passant par l’accès à l’information, l’expression politique, artistique, la protection des formes « socialement indésirables » d’expression (pornographie juvénile, propos racistes, haineux, mensongers, diffamatoires, etc.) ou la possibilité que la liberté d’expression soit instrumentalisée pour servir les fins de groupes d’intérêts particuliers, les problématiques liées à cette liberté fondamentale transcendent les nombreuses sphères d’activité des sociétés qui composent la communauté internationale. Ultime rempart contre les différentes formes de tyrannie ou idéologies susceptibles d’être imposées au sein de ces mêmes sociétés, l’évaluation qualitative du niveau de protection dont jouit la liberté d’expression, d’une part, et des limites raisonnables qui peuvent lui être imposées, d’autre part, doit, encore et encore, être remise sur le métier. Dans un contexte marqué par les changements technologiques où, théoriquement, l’information n’a jamais été aussi facilement accessible, de nouveaux enjeux se dessinent en matière de liberté d’expression et de nouvelles menaces pèsent sur elle. Quels sont ces enjeux? Quelles sont ces menaces? Comment le droit peut-il contribuer au renforcement de la liberté d’expression face aux nouvelles réalités qui marquent la vie démocratique ?