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Plaidoyer pour l’émergence d’une Algérie du futur


Il est courant d´admettre dans les pays évolués, l´importance d´un contre-pouvoir de l´Etat, non politique, constitué par la société civile. L´émergence de la notion de société civile est ancienne, elle s´est progressivement affirmée au fur et à mesure que l´Etat s´est consolidé. A quoi sert justement l´Etat? Est-il un instrument utile? Hobbes fut le premier à mettre en évidence l´utilité de l´État et surtout à montrer qu´il était le résultat d´un calcul, bref, que la raison d´être de l´Etat, c´était la Raison elle-même.

Professeur Chems Eddine Chitour/ Mardi 7 Juin 2011

Tribune libre

Eloge de la Société Civile : Plaidoyer pour l’émergence d’une Algérie du futur

«L’utilité commune est le fondement de la société civile.»
Jean-Jacques Rousseau

 Professeur Chems Eddine Chitour

 Mardi 7 Juin 2011

Il est courant d´admettre dans les pays évolués, l´importance d´un contre-pouvoir de l´Etat, non politique, constitué par la société civile. L´émergence de la notion de société civile est ancienne, elle s´est progressivement affirmée au fur et à mesure que l´Etat s´est consolidé. A quoi sert justement l´Etat? Est-il un instrument utile? Hobbes fut le premier à mettre en évidence l´utilité de l´État et surtout à montrer qu´il était le résultat d´un calcul, bref, que la raison d´être de l´Etat, c´était la Raison elle-même. Il s´agissait, en effet, d´apporter une solution au problème que posait la guerre permanente de tous contre tous, caractéristique de l´état de nature. Les hommes passent alors un accord et abandonnent ensemble leur part de droit naturel et leur violence entre les mains d´un Tiers, par nécessité, omnipotent. L´État donne ainsi aux hommes la sécurité dont ils ont besoin pour l´exercice de leur liberté. En dehors de l´Etat, les hommes jouissent d´une liberté absolue. Mais chacun disposant de la même liberté absolue, tous sont exposés à subir des autres ce qui leur plaît. La Constitution d´une société civile et d´un État oblige à une nécessaire limitation acceptée de la liberté.

Qu´est-ce que la société civile?

Cependant, pendant longtemps la société civile a eu un rôle marginal parce que l´Etat s´occupait, globalement, correctement des citoyens. La réémergence des sociétés civiles dans les pays capitalistes s´est faite en réaction à la paupérisation progressive des populations laborieuses et on peut penser qu´elles connaissent un regain d´intérêt depuis que le modèle de capitalisme néo-libéral et la mondialisation se sont imposés comme seul horizon indépassable. Par réaction, les citoyens ont commencé à remettre de plus en plus cette façon de faire d´autant que l´Etat a reculé face au capital et ses missions sociales se sont progressivement réduites en peau de chagrin. Justement et pour paraphraser Coluche, la démocratie dans les pays capitalistes c´est «cause toujours» et dans les pays sous-développés «ferme ta gueule».

Pour donner le change, on inventa dans les pays développés, alors, le concept de démocratie participative donnant l´illusion au citoyen qu´il est acteur de son destin. Cependant, tout n´est pas négatif, pour la société civile, sa connaissance des réalités sociales permet de formuler les besoins et les demandes des citoyens. Son expertise permet d´éclairer le débat public avec des analyses indépendantes. Elle met en lumière les manquements à l´ Etat de droit, les insuffisances des politiques publiques pour que les autorités puissent les corriger. Elle permet à l´Etat d´entendre les revendications des citoyens. En proposant un espace de libre expression, elle joue un rôle de régulation des conflits.

«La société civile n´a pas pour vocation de se substituer à l´Etat. Elle reconnaît ses prérogatives. Par son action, elle vise à renforcer l´Etat en l´invitant à jouer pleinement son rôle dans la mise en oeuvre des politiques publiques et dans le respect de l´Etat de droit. Elle est un interlocuteur utile à l´Etat, avec lequel peuvent, dans certains cas, s´établir des coopérations dans le respect du rôle de chacun. En proposant aux citoyens des espaces de participation à la vie du pays, en faisant porter le débat public sur des questions d´intérêt général, la société civile contribue à la réussite de cette transformation. Son indépendance, sa liberté d´action sont les conditions nécessaires pour qu´elle joue ce rôle. Les énergies mobilisées par la société civile visent à bâtir une société juste et apaisée.(1)

Selon le Comité économique et social européen c´est «un concept global désignant toutes les formes d´action sociale d´individus ou de groupes qui n´émanent pas de l´Etat et qui ne sont pas dirigées par lui»; «concept dynamique, décrivant à la fois une situation et une action». Quelques éléments de ce processus: pluralisme, volonté permanente de consensus, respect des principes de tolérance et de volontariat… autonomie d´institutions garantes de droits et valeurs ne devant pas être exclusivement garantis par l´Etat; visibilité, notamment politique, assurée par des structures de communication proches de la base; participation aux processus publics de communication ou d´action et représentation commune du bien collectif, à côté et en complément des mandats politiques; éducation, qui ne saurait en aucun cas relever uniquement d´une politique de l´Etat; responsabilité, une communauté solidaire n´étant pas uniquement attachée à l´exercice de droits individuels, ces droits étant articulés à des devoirs vis-à-vis du bien commun; subsidiarité: le niveau inférieur possède une primauté de principe (légitimité); le niveau supérieur n´intervient que lorsque le niveau inférieur ne peut maîtriser la situation (efficacité).(2)

La société civile est dans l´air du temps. La société civile est facilement opposée au domaine de l´étatique ou du politique, comme au marché. Le terme recouvre un entre-les-deux, où s´exprimerait toute la vitalité de la vie sociale, basée sur la libre volonté de tous, hors de tout rapport d´autorité ou d´intérêt privé. Un monde de la solidarité où se manifesteraient les demandes et évolutions d´une société tout en concrétisant une forme d´action pragmatique, efficace, plus morale que le Marché, plus représentative des intérêts et idéaux des gouvernants. Vaclav Havel dans son ouvrage «Le pouvoir des sans-pouvoir», exalte le réveil de la société civile: dans les sociétés post-totalitaires nées de l´effondrement du communisme, il faudra, dit-il, que surgissent de nouvelles structures, des associations civiques et citoyennes qui favoriseront la transition démocratique. Bref, on prête toutes les vertus à la Société civile: – c´est un contre-pouvoir qui contrôle les excès de l´État – elle est diverse et représentative, contrairement souvent, aux gouvernants et élus qui tendent à se recruter dans les mêmes milieux et à partager la même vision – elle permet l´émergence de nouvelles élites (et ceci vaut particulièrement dans les pays en voie de développement) – elle surveille et dénonce les dérives autoritaires, les scandales, les risques écologiques ou autres- elle apaise le débat et incite les citoyens à participer à la vie publique, leur rendant confiance dans la démocratie. Beaucoup ne voient que des avantages à l´émergence de la société civile, y compris celui d´abolir les rapports de conflit et de domination sur lesquels insistait tant la pensée marxiste dominante chez les intellectuels jusque dans les années 70.(3)

Y a-t-il une société civile en Algérie?

La situation en Algérie se caractérise par un certain nombre d´organisations de masses héritées du parti unique et qui continuent à monopoliser le champ social se voulant être les seuls interlocuteurs privilégiés à l´exclusion de tous les autres, avec une légitimité sur le terrain de plus en plus remise en cause. De ce fait, l´expression de la dynamique sociale et c´est une chance dont le pouvoir ne mesure pas assez l´importance, se fait par d´autres canaux qui ne demandent qu´une reconnaissance officielle d´autant que sur le terrain, ils arrivent à mobiliser pour la défense de droits syndicaux.

Cette forme d´expression n´est pas la seule, il existe des milliers d´associations dont certaines font un travail remarquable mais là encore certaines ont la bénédiction, d´autres sont ignorées et pire certaines sont interdites. Cependant, ces organisations syndicales n´interviennent pas encore comme contre-pouvoirs soft et observateurs attentifs du fonctionnement des institutions, voire proposent des solutions aux multiples problèmes que connaît l´Algérie. On commence à percevoir les prémices de cercles de réflexion (think thanks) qui proposent d´une façon volontaire et désintéressée des voies de salut en dehors des partis politiques, seuls interlocuteurs dans un véritable accord tacite pour se partager la scène médiatique à l´exclusion justement, de ces milliers d´organisations civiles bénévoles et qui sont pour le moment inaudibles.

A-t-on besoin d´une société civile maintenant?

Le monde a profondément changé; en 6 mois, le Monde arabe a été bouleversé de fond en comble pour un dessein qui n´est malheureusement pas au bénéfice des peuples arabes. Des alliances se nouent, d´autres se dénouent. Quoi qu´on dise, les regards sont braqués sur l´Algérie. Nous ne sommes pas à l´abri d´un tsunami, nos frontières sont de plus en plus vulnérables et nous donnons l´impression de nous installer dans les temps morts avec des slogans du siècle précédent. Un constat: l´Algérie ne peut pas continuer à vivre sur des schémas. Si on ne fait rien par nous- mêmes, il est quasi certain que nous serons formatés du dehors non pas comme nous le voulons mais comme le veut le Nouvel ordre mondial. Des pays sont dépecés sous nos yeux, d´autres sont sur le chemin de la partition. Après le Soudan et la Libye, voilà que l´on apprend qu´il existe un plan de partition de l´Egypte avec, notamment un Etat chrétien en Nubie! Nous devons être extrêmement vigilants. L´Algérie est devenue le premier pays d´Afrique par la superficie et il ne faut pas croire que nous sommes invulnérables. Le démon du régionalisme, la soif de pouvoir, l´appât du gain et pour notre malheur, l´étendue du pays, sa richesse en hydrocarbures et en terres agricoles sont autant de critères de vulnérabilité.

Sans verser dans le nihilisme, il faut bien convenir que beaucoup de réalisations ont été faites avec les dollars, peut-être sans optimisation et avec forcément des «pertes». Je veux citer les millions de logements, la construction de barrages. L´ Algérie avait des besoins en eau, en routes, en bâtiments. L´autoroute d´eau douce de 750 km et le réseau de routes et d´autoroutes sont des prouesses qu´il faut saluer. Pourtant, des échecs fondamentaux doivent être signalés, c´est d´abord le projet de société qui fait que faute de consensus, nous sommes au milieu du gué, tiraillés entre un Orient du coeur mais qui a fait la preuve de son échec et un Occident tentateur qui fait tout pour nous déstabiliser. C´est aussi la catastrophe de l´éducation et de l´enseignement supérieur. Notre tissu industriel a disparu par pans entiers. On m´arguera que c´est ainsi, c´est la mondialisation, la flexibilité, mais nous avons perdu le peu de savoir que nous avions dans les années 1980.

Notre errance actuelle c´est aussi le gaspillage frénétique de nos ressources en hydrocarbures du fait de l´absence, là aussi, d´une stratégie et c´est enfin, le cancer de la corruption, qui est là pour nous rappeler notre sous-développement. Ceci étant dit, le pouvoir donne l´impression de vouloir gagner du temps et pense traverser l´orage avec les mêmes recettes. Pendant plus de vingt ans, pouvoir et partis politiques dont on peut douter de la valeur ajoutée, ont amené à la situation d´anomie actuelle.

On peut reprocher sans doute, beaucoup de choses au défunt président Boumediene, à son crédit la mise en place d´un Service national, véritable creuset de la nation, qui avait permis un temps de contribuer au brassage des Algériens. Que reste-t-il de tout cela? Il faut le dire: pas grand-chose. La culture en Algérie a folklorisé dans le sens du chant et de la danse l´identité algérienne en invitant dans le plus pur mimétisme des Mille et Une Nuits, au farniente et à l´enivrement des vapeurs du narguilé pendant que le monde développé en est au Web3.0, que la Chine a rattrapé les Etats-Unis en concevant l´avion furtif et que les Israéliens se sont imposés dans la fabrication des drones qui se vendent comme des petits pains et qui font des ravages

La rente des hydrocarbures non autonomisée (syndrome hollandais dont la corruption socialisée) freine les réformes, le développement basé sur la bonne gouvernance, la valorisation du savoir. Cette rente au lieu d´être une bénédiction peut devenir une malédiction pouvant entraîner une grave dérive politique, économique et sociale. Que faut-il faire alors? Est-ce que le fait de procéder à des aménagements qui ressemblent à des cataplasmes sur une jambe de bois suffira-t-il? Est-ce que le fait d´ânonner qu´il faut la démocratie suffira?

Le moment est venu, le croyons-nous encore une fois, de réconcilier les Algériennes et les Algériens avec leur Histoire de telle façon à en faire un invariant qui ne sera pas récupéré d´une façon ou d´une autre. Le moment est venu aussi, une fois encore, de faire émerger à côté encore des légitimités historiques, les nouvelles légitimités du XXIe siècle. Chacun devra être jugé sur sa valeur ajoutée non pas en tant que remueur de foule, voire comme professionnel de la politique. En tant qu´acteurs de la société civile, nous devons attirer l´attention des pouvoirs publics sur un certain nombre de dysfonctionnements au vu de la distribution paresseuse de la rente, en fonction de la capacité de nuisance

L´Algérie est devenue un tube digestif immense, l´Algérien veut tout et tout de suite et par un mimétisme ravageur, il n´emprunte à l´Occident que ce qu´il ne produit pas, mais qu´il peut pour le moment encore acheter. Avoir 20 millions de portables pour 35 millions d´habitants n´est pas un signe de développement, rouler en 4×4 et consommer d´une façon débridée l´énergie n´est pas un signe de développement. Le pouvoir, dos au mur, est confronté à toutes les révoltes, au lieu du parler vrai, il met en oeuvre la méthode qui consiste à calmer les classes dangereuses et promet tout à tout le monde. Jusqu´à quand?

Dans une génération, l´Algérie importera son pétrole, avec quoi, puisque présentement, il représente 98% de ses recettes. La société civile que nous devons contribuer à faire émerger devra être partie prenante du destin de l´Algérie. Elle devra, notamment donner son avis dans le calme et la sérénité sur les grands dossiers dans le cadre d´états généraux où la compétence sera mise à contribution. A titre d´exemple, s´agissant de la stratégie énergétique, il est important de tout mettre à plat et tracer un cap qui nous permette d´aller vers la sobriété énergétique et miser sur les énergies renouvelables en n´extrayant du pétrole et du gaz que ce qui est strictement nécessaire au développement. Qu´on se le dise! Notre meilleure banque est notre sous-sol, c´est cela le développement durable.

L´Algérie de 2011 se cherche, elle est d´abord, en quête d´un projet de société avec un désir d´être ensemble. Point de «calculs politiciens» ou de acabya, de la compétence de la générosité. L´Algérie a besoin de tous ses fils et filles sans exclusive et ceux qui tiennent la canne par le milieu doivent se déterminer. Voulons-nous d´un tsunami qui emportera tout et qui fera de l´Algérie une zone grise comme la Somalie ou ce sera la guerre de tous contre tous, comme au Yémen (la patrie de la reine de Saba), ou voulons-nous d´une transition nécessaire apaisée et qui fasse que de nouveaux dirigeants conduisent l´Algérie à bon port. C´est donc à une vision nouvelle de société qu´il nous faut arriver, Peut-être que les états généraux de la Société civile prévus vers mi-juin permettront par leur recommandation de contribuer à remettre le train Algérie sur rails. Plus généralement, il faut faire retrouver au peuple algérien cette dignité et cette fierté d´avoir contribué même de la façon la plus humble à l´avènement d´une Algérie fascinée par l´avenir mais qui reste fière de son identité culturelle et cultuelle.

1.http://www.societecivile-burundi. org/index.php?option=com _content&view= article&id =69 &Itemid=79/ 

2.Qu´est-ce que la société civile? http://algoric.pagesperso-orange.fr/eu/tik/12/ti127-euGovCivi/nc2.htm

3.Qu´est-ce que la société civile? http://www.huyghe.fr/actu_369.htm 21 juin 2007/

Professeur Chems Eddine Chitour

Ecole Nationale Polytechnique enp-edu.dz

 Mardi 7 Juin 2011

  http://www.alterinfo.net/Eloge-de-la-Societe-Civile-Plaidoyer-pour-l-emergence-d-une-Algerie-du-futur_a59664.html/ 

Commentaires

 1.Posté par Abelkader DEHBI le 07/06/2011 13:44

 Le professeur Chems Eddine Chitour vient de signer là l’un des meilleurs diagnostics que l’on peut dresser de l’Algérie de 2011. Sa formule lapidaire :

« Notre meilleure banque est notre sous-sol, c´est cela le développement durable. »  constitue à elle seule, tout un programme économique.

La seule réserve que je me permets d’émettre est celle-ci : La légitimité historique n’a plus de légitimité en raison du discrédit moral qui frappe le régime en place qui continue de refuser tout changement radical des Institutions et des Hommes en persistant dans ses manœuvres dilatoires et trompeuses, donnant des gages à l’opinion nationale et internationales, avec des prétendues « consultations pour des réformes institutionnelles ». Des consultations dirigées conjointement – du fait de la méfiance régnante au sein des partenaires du système – par un obscur représentant des intérêts de Bouteflika et de son clan d’une part et, d’autre part, par un général connu pour son activisme éradicateur durant la décennie noire, qui représente les intérêts rentiers de la junte putschiste qui exerce le pouvoir réel.
Il s’ensuit que toute entreprise de refondation de la République et de reconstruction du pays doit nécessairement passer par le PREALABLE de l’abolition du régime en place, dans ses Institutions comme dans ses hommes et ses méthodes.

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2 commentaires sur “Plaidoyer pour l’émergence d’une Algérie du futur

  1. En Algérie l’Histoire est détourner de sa fonction fondatrice de l’être ensemble. L’Histoire sert de justification à un système de gouvernance sans légitimité. Voire corrompu et sanguinaire. Il y a urgence aujourd’hui à la refondation de toute la société. Et celà passe par une réconciliation avec l’Histoire mais aussi par l’emergence d’une nouvelle vision d’avenir et par l’élaboration d’un nouvel projet de société. Replacer le citoyen au centre de l’action collective. L’algériène et l’algérien doivent être à l’origine de tout fondement et aussi la finalité de tout. Ainsi une rupture s’impose avec le système actuel. Ce qui n’empêche pas la possibilité d’une transition déterminée mais passifique. Et c’est là où réside la difficulté. Je crois que le peuple algérien est à la hauteur et en mesure de lever le défi.

  2. Je cite le professeur C E Chitour, qui affirme :
    http://www.alterinfo.net/Eloge-de-la-Societe-Civile-Plaidoyer-pour-l-emergence-d-une-Algerie-du-futur_a59664.html#last_comment

    « […]L´Algérie a besoin de tous ses fils et filles sans exclusive et ceux qui tiennent la canne par le milieu doivent se déterminer. Voulons-nous d´un tsunami […] ou voulons-nous d´une transition nécessaire apaisée […] les états généraux de la Société civile prévus vers mi-juin permettront par leur recommandation de contribuer à remettre le train Algérie sur rails. » FIN DE CITATION.

    Désolé, mon cher condisciple, mais je ne pense pas que pareille possibilité puisse être retenue comme viable, par ceux de la minorité « militaro-révolutionnaire», reconvertie depuis les diktats du FMI, en  » élite militaro-financièro-industrialisante », protectrice de l’option « républicaine et libérale » de l’Algérie, sauvée du spectre « islamiste », pardi, et qui ont toujours décidé aux lieux et place du peuple algérien, décrit par eux comme « immature », et à défaut d’être «colonisables » selon les critères de Si Malek Benabi, « assujetissables » au sens de la globalisation du type FMI, avec distribution des rôles entre pays rentiers, producteurs et consommateurs.

    Hier, en 1962, nos parrains « nationaux » ou « nationalistes », considéraient les ex indigènes promus au rang d’Algériens, inaptes à participer à la construction du nouvel État algérien, libéré parait-il par les seuls membres de la coalition rebelle au GPRA, que furent les affidés de l’EMG, en Tunisie et au Maroc et d’autres «maquisards » des « camps d’entrainement aux frontières » qui participaient aux batailles contre l’armée coloniale, en lisant dans la Presse, les faits d’armes des maquisards «ignorants » de cette ALN de l’intérieur, qu’ils méprisaient . (Que la majorité des combattants aux frontières me pardonnent mon effronterie, car pour la plupart, ils ne faisaient que remplir leurs obligations nationales, alors que leurs chefs évitaient soigneusement la confrontation avec l’armée française…tout en préparant la prise du pouvoir, une fois la victoire acquise par ces moudjahidines auxquels ils avaient peur d’envoyer les armes offertes par les pays solidaires de la Révolution algérienne, ou bien acquises grâce aux collectes d’argent auprès de l’émigration algérienne en France et dans le monde).

    En 1976, un certain Boumédienne, qui a fait la révolution bien au chaud, au sein des bases en territoires tunisien et marocain, donc, loin du feu, et après la débâcle de ses trois révolutions « agraire », « industrielle » et enfin « culturelle », avait cru, comme le bon sens populaire le traduisait, « laver ses échecs » en donnant la parole au peuple de sujets, pour lui donner l’illusion de participer aux choix et lui faire avaliser ou plutôt avaler les « constantes » qui ont été imposées à un peuple qui les découvrait pour la première fois, dans une fiesta type États généraux, que C. E Chitour, croit nous être proposés de nouveau, pour un nouveau round « remake », pour la mi-Juin 2011, oubliant tout simplement que Bouteflika, faisait partie de ce Conseil de la révolution, autour de Boumédienne, qui nous avait déjà embobiné, avec sa CHARTE nationale, traduite par : Comment Houari A Truandé les Électeurs. – voir les majuscules-…

    Plus tard, en 1980, Chadli avait continué sur la même lancée avec ses « États généraux de cadres de la nation »; et un amendement à la Charte « baptisée par le Cha’ab, « tarte nationale », pour en fait faire croire qu’il mettait enfin, « l’homme qu’il faut à la place qu’il faut ». Mais en fait, en dépeçant les sociétés nationales, sous l’alibi de la « restructuration des entreprises nationales », il n’avait fait que préparer leur « vente au DA symbolique » aux SEULS « élus du régime » et à ses soutiens, préparant ainsi le pays à observer passivement la liquidation des réalisations minables certes de l’ère Boumédienne, mais patentes, pour l’essentiel, et qui ne demandaient qu’un minimum de rigueur de gestion pour être rendues viables.

    Hélas, l’objectif de Chadli et de ses équipes, était autre que celui déclaré de rendre les entreprises nationales, plus gérables ou plus performantes. Ils préparaient au contraire, les moyens de pouvoir faire main basse sur les plus juteuses et les plus rentables d’entre elles, pour blanchir les « biens mal acquis » de la période Boumédienne, et surtout de l’après 1973 avec leurs effarants revenus pétroliers d’alors, avec ce qu’ils ont permis aux « élus du régime » d’amasser comme fortunes en un temps record, à l’occasion des transactions commerciales permises par le bond prodigieux des importations et aussi des exportations d’hydrocarbures et autres commissions perçues à l’occasion de tous contrat lié à des achats ou à des projets d’investissements de l’État, fussent-ils morts nés, et … qui les avaient rendus «passages obligés » à défaut d’être « douaniers », comme par exemple, pour le pipe-line sous marin avec l’Italie, ou le métro d’Alger toujours en cours de réalisation depuis 30 ans…

    Ainsi donc, et en 1988, le peuple, manipulé par ceux-là mêmes qui nous ont toujours tenus en laisse et sont devenus experts dans l’art de pousser les jeunes chômeurs désespérés à tous les débordements, a cru avoir en se révoltant « spontanément » selon les Médias du régime, subitement « informatifs », réussi a obtenir le multipartisme, la multiplication des titres de presse, et enfin, une nouvelle organisation du gouvernement et des investissements dans les infrastructures sociales.

    Malheureusement, la farce sera de très courte durée, et les réflexes qui ont la vie dure, feront que même le scénario de « libéralisation alibi » offert par le « pouvoir » pour sortir le pays du « socialisme et de ses pénuries », sera court-circuité par les tenants du dirigisme militaro-financier, à présent aux commandes du pays.

    Alors qu’ils s’apprêtaient à un compromis avec des « islamistes » certes attachés au culte pour certains de leurs leaders mais plus perméables que les socialistes et autres « démocrates » au libéralisme économique et au commerce alternatif aux « pots de vin » et aux autres moyens d’enrichissement sans cause, les parrains militaro-financiers du système rentier algérien décidèrent de scier la branche sur laquelle ils avaient pensé percher pour conduire le pays vers le capitalisme de bazar et l’enrichissement de minorités qui constitueraient une classe moyenne de serviteurs zélés et intéressés du système corrupteur. Le système d’alliance ainsi planifié se contenterait en revanche d’offrir la ZAKAT, (impôt purificateur), à l’exemple des roitelets de la péninsule arabique, comme minable pitance aux pauvres hères invités aux bouffas de Ramadhan et autres « zerda » et couffins du pauvre, ainsi que des Omra aux lieux saints et des séances de solidarité communautaires dans les mosquées pour assurer au bon peuple de croyants, une place sûre au Paradis, assurant l’au-delà radieux, pour pallier la misère de ce monde. Ainsi au lieu et place de postes d’emplois dans les usines remplacées par des bureaux d’IMPORT-IMPORT, peu employeurs de main d’oeuvre, la coalition imams-capitalistes et militaires affairistes allait faire de l’Algérie, ce Paradis sur terre qui n’avait qu’à recycler les revenus pétroliers pour assurer le pain béni aux pauvres, le bifteck aux sujets serviles de la classe moyenne laborieuse, et la DOLCE VITAE qui va avec le pouvoir aux saints des saints militaro-affairistes..

    Le voyage du général Saint Nezzar, la veille du coup d’Etat du 12 juillet 1992, en Arabie saoudite, la capitale du salafisme wahabisé, et du « enrichissez-vous mais purifiez vos acquis » ou la capitale de la lessiveuse-blanchisseuse, a signé la consommation de la rupture définitive avec les « islamistes » algériens indociles, qui voulaient « orientaliser et islamiser la société » au lieu de participer simplement à « l’islamisation des fortunes » acquises sur le dos des sociétés occidentales (TCHIPPA), qui avaient participé à l’industrialisation balbutiante de l’Algérie, ou avaient commercé avec leur chasse gardée algérienne.

    Après donc la décennie de la nuit des généraux et de leurs affidés éradicateurs face à une subversion islamiste médiatisée à outrance, qui avait duré plus de dix ans, la nature des crimes imprescriptibles commis de part et d’autre contre le peuple algérien meurtri avaient commencé à perturber la quiétude des maîtres de l’Algérie devenus si riches après s’être accaparés et partagés les monopoles du commerce extérieur, surtout dans les produits de large consommation rémunérateurs et qui laissaient des marges très importantes grâce à l’orchestration des « pénuries » qui permettaient d’écouler au marché noir n’importe quel produit périmé, et donc acquis au cout le plus bas possible, voir gratuitement, comme le fer irradié de Tchernobyl, livré gratuitement par les Russes qui payaient de surcroit pour le dépotoir…

    L’âge, la lassitude, et la peur de lendemains horribles, ont commencé à marquer les « barons du système algérien », et l’écho des arrestations des criminels serbes, tout comme les effets imprévisibles du « printemps arabe » qui ont confirmé que les « occidentaux n’ont pas d’amis, mais des intérêts », ont fini de semer le doute et l’effroi, tout aussi bien parmi les parrains et autres suzerains extérieurs de l’Algérie, « potes de circonstances », que parmi les milieux «affairistes-biznassa » algériens, liés aux « indélogeables généraux financiers » et leurs prête noms, parmi les politiques moutons de Panurge, les « capitaines d’industrie », les « comptables » promus investisseurs et managers hors pair, les chefs de partis, démocrates, nationalistes et autres labellisés «islamistes soft », ainsi bien sûr que les croque mitaines de la société « civile » qui se sont multipliés par milliers, histoire de bénéficier des subventions en contre partie de la « mobilisation et de l’encadrement des masses » pour APPLAUDIR le système et le défendre.

    Aussi, pour faire avorter la contestation et prévenir que le barrage ne cède devant les flots, les stratèges du régime, étudieront toutes les possibilités, et ainsi, si un Mohamed VI, préconise de réduire ses pouvoirs, pour sauver l’essentiel de ses prérogatives, les Algériens eux, adopteront une technique hydraulique qui a fait ses preuves, celle de délester le barrage, en ouvrant des voies pour dévier le courant en amont, les évacuateurs de crues, et en faisant des lâchers d’eau pour prévenir la rupture des digues.

    Ainsi on a assisté aux « marches sur place » par des partis « démocrates » affidés aux éradicateurs alliés au complexe militaro-commercial , soi-disant empêchés de défiler par la police, soit, à des débordements pour la sempiternelle « distribution de logements », réprimés de main de maîtres, puisque prévus et programmés, et enfin, les revendications corporatistes et professionnelles, jugulées par la distribution de salaires ou de rappels de salaires et de primes financières, à la mesure du danger représenté par telle ou telle corporation ou doléance ou réclamation pour la quiétude du système « militaro-commercial », qui gère le pays.

    Ainsi, les militaro-commerciaux qui exercent leur diktat sur le peuple algérien vont profiter de l’aubaine des manifestations des uns et des autres membres de la soi-disant « société civile », pour payer la facture présentée par aussi bien les policiers, que les « miliciens » qui les ont aidé à se maintenir, les ont défendus et aidés à « préserver « leur » République et « leur » ordre républicain, apparemment menacé par quelque force obscurantiste, qui avait ensorcelé le peuple algérien ingrat et « immature », et pire, « inapte à la démocratie » selon les propres termes des défenseurs FLN du système, car en effet, comme démontré en décembre 1991, » le peuple algérien ne sait pas voter »…

    Les soldes des policiers et des « miliciens » mis au service du régime et non de l’Algérie, seront purement et simplement doublées avec effet rétroactif, pendant que les ingénieurs et techniciens seront rétrogradés avec l’introduction d’une nouvelle grille de la fonction publique et leurs maigres soldes figées et que les médecins seront confrontés à des pénuries de médicaments et d’équipements alors que leurs salaires, très très longtemps figés, demeureront inférieurs au taux d’inflation.

    Par ailleurs, les libertés d’expression et d’organisation de partis politiques, pourtant constitutionnelles, tout comme la soi-disant levée de l’État d’urgence, demeureront soumises à la discrétion de l’administration. Cela, sans parler des autres libertés et droits de l’homme qui ne seront pas respectés mais laissés à l’appréciation et au gré non point d’une justice au service du citoyen et de l’État de droit, mais plutôt de fonctionnaires corrompus et tatillons formatés pour se servir et servir le système et ses intérêts stratégiques, dans l’espoir d’en retirer quelque bénéfice ou récompense, et pourquoi pas en faire partie.

    Aussi est-ce pour cela, que je dirai que des « États généraux » qui regrouperaient des clients du système, ne peuvent être que des artifices qui reporteraient à plus tard la crise, vu les disponibilités financières du pays, ce qui permet au système et à ses hommes d’acheter le silence, comme le fit récemment le roi d’Arabie saoudite, à son retour d’opération aux USA, et pendant que planait la menace de contagion du « printemps arabe », à partir de la place Tahrir au Caire. Le roi a donc dû distribuer des fonds à son peuple, pour l’endormir.

    Mais qu’il soit clair qu’en aucun cas, la distribution de la rente, qui appartient aux générations futures, ne peut prémunir le système « autoritaire algérien », de la révolution populaire inéluctable et nécessaire, si les Algériens ont à cœur l’impérieux devoir de, participer à l’édification d’un État moderne qui se doit de fructifier son sol et son sous-sol, de promouvoir son peuple et, parachever l’œuvre de leurs parents qui ont libéré le pays du colonialisme.

    Les hydrocarbures ne sont pas une ressource pérenne, mais par contre, ils peuvent servir au développement, si ce n’est pas déjà trop tard, vu le laisser-aller dans les politiques de préservation et de conservation des gisements mises en œuvre, jusqu’à présent, lesquelles ont opté pour le financement de l’économie parasite de consommation et donc non productive actuelle, plutôt que de privilégier l’extraction d’hydrocarbures en fonction des besoins de l’économie productive, aussi bien agricole, qu’industrielle, ou culturelle, qui passe par l’investissement et la préparation de l’après pétrole, et la transformation du pays en « atelier » pour fabriquer ce dont il a besoin et à promouvoir l’exportation de ses produits agricoles et industriels.

    Mais hélas, il n’y a JAMAIS eu d’États généraux pour discuter entre experts algériens, y compris avec leurs invités, des véritables fondements de la promotion de l’Algérie en État de droit dans lequel les grandes options fondamentales pour le pays seraient soumises fusse des années durant à la critique, la sagacité, la compétence et au jugement des Algériens, seuls propriétaires citoyens des ressources du pays.

    Au lieu de cela, les grandes décisions et les grandes options ont été décidées systématiquement, en conclaves pour servir les appétits insatiables des « militaro-commerciaux » et de leurs affidés « politi-chiens » serviles et avides, comme ils en eurent durant la décennie noire de guerre civile.

    Ils se ont imposés, avant-hier comme « révolutionnaire-nationalistes », hier, comme « éradicateurs, sauveurs de Ripoux-bliss », mais malheureusement et toujours, au service des « happy few » et jamais du plus grand nombre.

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